À l'attention de Bill Morneau, ministre des Finances du CanadaNous saluons la décision de votre gouvernement de mettre sur pied la Banque de l'infrastructure du Canada (BIC).

Nous réitérons notre appui à cette initiative. Nous considérons qu'il s'agit d'un outil supplémentaire essentiel pour assurer la disponibilité des fonds nécessaires à la concrétisation de projets d'envergure et stratégiques pour le Canada.

Nous estimons que Montréal est la ville canadienne toute désignée pour l'établissement de la BIC. Son écosystème économique concentre l'expertise requise pour permettre à cette nouvelle institution d'entrer en fonction rapidement et de devenir un lieu dont les pratiques feront office de modèle à l'international. Il est clair que Montréal a tous les atouts pour être le centre d'excellence national dans le domaine de l'infrastructure.

Le projet de BIC est directement inspiré de l'approche novatrice développée par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui a récemment créé sa filiale CDPQ Infra. La CDPQ a acquis une expertise unique au Canada dans le financement et la réalisation d'infrastructures majeures de transport.

Nous n'avons qu'à penser à son projet phare, le Réseau électrique métropolitain (REM), mais également à plusieurs autres projets qu'elle a réalisés à l'échelle nationale et internationale tels que la Canada Line, le Heathrow Express et le Gatwick Express. En ce sens, une proximité géographique entre la BIC et la CDPQ permettrait de bénéficier directement de cette expertise et de profiter de tout potentiel de synergie.

Montréal est le premier pôle d'expertise en infrastructure au Canada grâce à ses grandes firmes de génie, comme SNC-Lavalin et WSP, et à ses universités.

Le bassin d'expertise déjà existant dans la métropole permettrait à la BIC d'être rapidement opérationnelle et de réaliser son objectif d'attirer des talents de premier plan pour devenir un pôle de calibre mondial dans le domaine de l'infrastructure.

Plusieurs grandes entreprises impliquées dans de grands projets d'infrastructure ont leur siège social à Montréal telles que VIA Rail, le CN, Hydro-Québec, ADM, le Port de Montréal, Bombardier Transport et Bombardier Aéronautique.

Par ailleurs, la métropole est la capitale universitaire du Canada avec ses 11 établissements, dont plusieurs ont des spécialisations de renom dans les disciplines relatives au génie (ETS, Polytechnique, Concordia, McGill et INRS) ainsi qu'en finance, en économie, en big data, en intelligence artificielle et en administration publique (Université de Montréal, ENAP, HEC Montréal, UQAM).

Il faut souligner que les talents concentrés dans le Grand Montréal sont bilingues, un atout pour desservir le Canada et pour y attirer d'éventuels investisseurs et partenaires, et ce, particulièrement depuis la signature de l'Accord économique et commercial global (AECG).

UNE FORMULE GAGNANTE

Nous considérons que le Canada tout entier gagnerait à consolider la deuxième place financière du pays. Au fil des années, le secteur financier de Montréal a connu une certaine érosion au profit de Toronto. Aujourd'hui, le secteur connaît une certaine relance grâce à l'avènement des fintech et au dynamisme d'institutions telles que la CDPQ. Le gouvernement fédéral pourrait contribuer à cette relance en établissant la BIC à Montréal.

En parallèle, le plan du gouvernement considère que les infrastructures destinées au commerce sont stratégiques et prioritaires. Montréal constitue déjà une plaque tournante du transport et de la logistique pour le Canada et l'Amérique du Nord. Alors que la signature du Partenariat transpacifique (PTP) devient moins probable, l'entrée en vigueur confirmée de l'AECG devrait contribuer à renforcer encore davantage la position stratégique de la métropole ainsi qu'à augmenter la quantité de marchandises qui y transitent. Bref, en renforçant sa deuxième métropole, le Canada tout entier y gagnera.

L'investissement massif dans les infrastructures représente l'initiative phare de l'actuel gouvernement fédéral. Alors qu'à l'échelle mondiale, la plupart des gouvernements misaient sur une forme ou une autre d'austérité budgétaire, le premier ministre a pris une décision audacieuse en proposant de stimuler la croissance par des investissements structurants, quitte à entraîner des déficits à court terme.

Cette décision définit maintenant « l'approche canadienne » et est devenue une référence internationale. La création de la BIC étant l'un des principaux leviers de cette stratégie, elle est le symbole par excellence de cette grande initiative.

L'établissement de cette banque à Montréal représente une chance unique pour le premier ministre d'imprimer la marque de sa vision dans sa ville.

En conclusion, afin d'assurer le succès de ce pôle d'expertise structurant chargé d'exécuter les projets d'infrastructure d'envergure du Canada, nous demandons au gouvernement de concrétiser l'établissement de la BIC à Montréal.

Mario Albert, directeur général de Finance Montréal ;  Raymond Bachand, conseiller stratégique chez Norton Rose Fulbright ; André Bourret, directeur général par intérim de l'École nationale d'administration publique ; Pierre Dumouchel, directeur général de l'École de technologie supérieure ; Guy Breton, recteur de l'Université de Montréal ; Yvon Charest, président et chef de la direction de l'Industrielle Alliance ; James Cherry, président et chef de la direction d'Aéroports de Montréal ; Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins ; Pierre Dion, président et chef de la direction de Québecor et Québecor Media ; Shahir Guindi, associé directeur, Montréal Osler ; Anne-Marie Hubert, FCPA, FCA, associée directrice, Québec EY ; Luc Jobin, président et chef de la direction, CN ;  Monique F. Leroux, C.M., O.Q., FCPA, FCA, présidente du conseil d'administration d'Investissement Québec ; Éric Martel, président-directeur général d'Hydro-Québec ; Erik J. Ryan, vice-président directeur, marketing, stratégie et relations extérieures, SNC-Lavalin ; Claude Séguin, président du conseil de Finance Montréal ; Jean St-Gelais, président du conseil et chef de la direction de La Capitale mutuelle de l'administration publique et La Capitale groupe financier inc. ; Alan Shepard, recteur et vice-chancelier, Université Concordia