À la suite de l'annonce du gouvernement d'investir 94 millions pour permettre à HEC une délocalisation au centre-ville de Montréal, j'ai émis une voix discordante. L'investissement du gouvernement a pour effet d'intensifier la concurrence entre universités, ce qui m'apparaît un usage très discutable des fonds publics.

De façon surprenante, on a rapidement réduit le débat à une querelle entre l'École des sciences de la gestion (ESG UQAM), que je dirige, et HEC. La question soulevée est beaucoup plus profonde.

Je questionne l'usage de fonds publics pour promouvoir des délocalisations d'universités, c'est-à-dire la construction de nouveaux pavillons en dehors de leur campus.

Je questionne le fait que le gouvernement alloue près de 100 millions à la promotion d'une université, alors que cette somme représente une part très significative des compressions auxquelles se sont astreintes toutes les autres universités du Québec au cours des deux dernières années. Je questionne également le fait qu'une telle annonce se fasse avant la mise en place du Conseil des universités qui aurait probablement émis un avis négatif sur un tel projet de délocalisation.

J'ai beaucoup de respect pour HEC Montréal et pour son directeur, Michel Patry. La concurrence à laquelle nous nous sommes prêtés au cours des années a fait de l'ESG le bijou qu'elle représente aujourd'hui pour le Québec. Un accroissement de cette concurrence avec l'aide du gouvernement ne me réjouit pas, mais il obligera l'ESG à être encore plus forte, plus innovatrice et plus près des préoccupations du milieu des affaires et des organisations.

Le point que je soulève est beaucoup plus fondamental et a trait à la gouvernance de l'État. La société québécoise est-elle prête à octroyer à une université en particulier les économies douloureuses réalisées par toutes ? Notre réseau universitaire mérite un réinvestissement massif certes, mais aussi équitable.