Selon un sondage Léger Marketing réalisé en septembre 2016 pour l'Association d'études canadiennes et la Chaire Concordia d'études sur le Québec, une plus faible proportion de Québécois (32 %) considère un diplôme obtenu d'une université francophone comme prometteur par rapport à celui obtenu d'une université anglophone (41 %).

Comment doit-on interpréter ces chiffres ?

Si on décompose les résultats, on s'aperçoit que les Québécois francophones sont plus nombreux (34 %) que les anglophones et les allophones (24 %) à accorder de la valeur à un diplôme obtenu d'une université francophone. En revanche, une plus grande proportion d'entre eux (43 %) valorise un diplôme obtenu d'une université anglophone.

De multiples facteurs concourent à l'attrait des études en anglais, même auprès des Québécois francophones.

Pourtant, tout n'est pas sombre pour les universités francophones. Alors qu'on aurait pu supposer que la nouvelle génération serait plus sensible que jamais à l'attrait de l'anglais, elle semble au contraire reconnaître davantage la valeur des établissements de langue française.

Les jeunes appartenant à la tranche d'âge des 18 à 24 ans considèrent comme à peu près équivalents les diplômes universitaires obtenus dans l'une et l'autre langue. Pour ce groupe, l'écart entre ceux qui valorisent une éducation en anglais et ceux qui valorisent une éducation en français tourne autour de 7 %. Par comparaison, l'écart s'élève à 10 % pour ceux âgés de 25 à 34 ans, et grimpe à 14 % pour ceux âgés de 25 à 44 ans.

Il semblerait donc que le préjugé défavorable aux établissements francophones s'amenuise depuis 25 ans.

Il y a là une résilience étonnante. Comment se fait-il que l'anglicisation croissante de la science et les pressions d'un marché de l'emploi mondialisé n'aient pas incurvé l'opinion publique dans un sens contraire à ce que nous révèle le sondage Léger Marketing ?

Risquons deux hypothèses.

D'une part, les universités francophones se sont adaptées à la demande, intégrant l'anglais dans le matériel pédagogique. Elles ont fait ce que fait, par exemple, l'Université d'Islande, dont la langue principale et officielle d'instruction est l'islandais (parlé par moins de 350 000 personnes), ce qui ne l'empêche pas de se classer 250e dans le monde.

D'autre part, les universités francophones québécoises ont, depuis une trentaine d'années, connu un développement exceptionnel. La liste de leurs réalisations est aussi longue qu'impressionnante.

OCCASIONS PROFESSIONNELLES

Signe de cette reconnaissance, les anglophones et les allophones apprécient les occasions professionnelles offertes par les établissements de langue française. Selon les résultats du sondage Léger Marketing, alors qu'un peu plus du tiers des anglophones et des allophones (35 %) jugent que la formation dans les universités anglophones offre d'excellentes chances de succès professionnel, le quart d'entre eux (24 %) porte un jugement semblable sur les universités francophones.

D'ailleurs, au Québec, en 2012, 7,5 % des anglophones qui étudiaient à temps plein le faisaient dans une université de langue française, un chiffre qui ne s'éloignait pas beaucoup des 8,5 % des étudiants francophones qui se retrouvaient dans des établissements de langue anglaise.

La réalité est donc plus complexe qu'il n'y paraît.

Nous ne nions pas que la place du français dans l'enseignement supérieur au Québec soit aujourd'hui un défi. Mais il serait faux de prétendre que tout va pour le pire. Les Québécois reconnaissent une plus-value à une éducation en anglais. Cependant, l'adaptation des universités de langue française à cette donne et les progrès spectaculaires qu'elles ont réalisés depuis 30 ans permettent un certain optimisme pour l'avenir.