J'avais 8 ans quand mes parents m'ont permis de veiller afin de suivre attentivement le premier débat présidentiel jamais télévisé entre Nixon et Kennedy.

Dans ma famille et mon patelin, on aimait parler passionnément de politique, mais encore fallait-il ne pas en parler « à travers son chapeau ». J'arrivais donc à l'âge de la sérieuse initiation.

J'ai préféré Kennedy à Nixon. Pourquoi ? me demandent mes parents. Tout de go, je réponds qu'il me semblait calme, honnête et rassurant. Et Nixon ? Pas très sûr de son affaire. Ouf, mon intuition faisait bon effet dans notre salon, néanmoins une question me trottait dans la tête, serait-elle jugée idiote ? Je m'essaie : « Est-ce qu'une femme pourrait être présidente ? » « Euh, euh, euh, pourquoi pas, mais un jour lointain... »

Durant le deuxième débat présidentiel de 2016, le plus acrimonieux que j'aie jamais suivi, toutes campagnes électorales confondues, deux questions me hantaient.

Combien de jeunes oreilles sont à l'écoute ? Quel impact la campagne défaitiste et bigote du camp Trump a-t-elle sur des élèves d'écoles primaires et secondaires qui s'initient au processus électoral de leur pays ?

J'angoissais en pensant à la jeunesse à qui parents et enseignants inculquent un sens civique, des valeurs morales fondées sur le respect mutuel, et qui est aux prises avec l'intimidation de nature tant à empoisonner son quotidien qu'à freiner son épanouissement jusqu'à donner lieu à une totale perte de confiance, voire mener au suicide.

Un candidat à la présidence ne doit-il pas prêcher par l'exemple ? Trump s'en balance éperdument et joue les lions en cage. Seule trône sa mégalomanie au service de son incorrigible narcissisme.

Il a servi une autre sinistre leçon à tous les intimidateurs de son pays : pour gagner dans la vie, la fin justifie tous les moyens, peu importe leur légitimité. Tous ceux et celles qui ne vous admirent pas sont vos rivaux, il faut savoir les rabaisser sans scrupules.

D'ÉDIFIANTES LEÇONS

Vaut-il mieux oublier ce débat ou s'atteler à la délicate tâche d'en tirer de plus édifiantes leçons ? Le ton et l'aplomb d'Hillary Clinton peut servir d'amorce à une saine discussion quant à l'art de ne pas se laisser consumer par la menace et l'agressivité ni par des remarques subtiles ou non de la part de quiconque désire nous voir trébucher.

Nous pensions assister surtout à un débat d'idées. Erreur, Trump nous a fait faire un détour par les égouts. Remontons vite à la surface, libérons-nous de la boue et attardons-nous de manière constructive avec nos jeunes à l'art de débattre en société et à l'importance du savoir-vivre tout en espérant que la politique ne les rendra pas cyniques...