Mais où va l'école publique ?

J'ai la chance de côtoyer cette mal-aimée quotidiennement. Élève au secondaire, j'ai vu évoluer les conflits des enseignants contre le gouvernement, les coupes budgétaires, les changements de programme et même cette erreur monumentale qu'a été l'examen d'histoire de 4e secondaire en juin dernier. Depuis trop longtemps, je suis aux premières loges d'un film dans lequel je joue quotidiennement un rôle important ; le seul problème, c'est que c'est un rôle muet.

Il est temps que ça change, oui, que les élèves qui vivent tous les jours ces nombreuses réalités aient la chance de s'exprimer.

Les jeunes ont soif de donner leur opinion, d'émettre leurs idées, leurs commentaires, mais aussi d'exprimer leurs émotions sur leur enseignement. Cette implication pourrait être facile à aller chercher. Récemment, j'écoutais une entrevue avec Violaine Cousineau, commissaire indépendante du Sud-Ouest de la CSDM, qui parlait du taux de participation aux élections scolaires. Elle défendait l'intégrité et la légitimité de ces élections qui, à chaque scrutin, peinent à rassembler 5 % de participation de la population. Alors pourquoi ne pas seulement nous demander notre opinion ? Après tout, c'est nous qui en subissons le plus les conséquences. Si le candidat vaut la peine d'être élu, il le sera. Les élèves ne sont pas si dupes.

Cependant, notre opinion n'intéresse guère les dirigeants et les élus scolaires. Laissez-moi vous dire que ça paraît. En cinq années de secondaire, je n'ai jamais eu la chance de rencontrer notre commissaire. Et ce n'est pas parce que je ne suis pas impliqué. Le lieutenant-gouverneur du Québec a plus échangé avec moi que la commissaire lors de la remise de médaille pour mon implication à l'école en avril dernier. Bonjour la fraternité.

LE MINISTÈRE DE LA FIN DE VIE POLITIQUE

Aussi, au fil des années, nous avons eu la chance de voir évoluer les élus au banc des punitions qu'est le ministère de l'Éducation, une voie pratiquement à sens unique vers la sortie de l'échiquier politique. Un médecin à la tête de l'Éducation, on dirait un mauvais scénario de film. C'était probablement pour soigner quelque chose. Quelque chose qui ne va pas, le cancer de la désinformation. Nous ne sommes pas informés, nous, les élèves, de ce qui se passe là-haut, cet inatteignable plafond où évoluent les dirigeants de notre école publique. Il est temps que ça change.

Je termine sur une note positive, en félicitant les enseignants qui se donnent corps et âme tous les jours afin de rendre notre éducation la meilleure qui soit, en se serrant la ceinture. Une chance que nous les avons, ces personnes dévouées, elles méritent de se faire entendre elles aussi. Nous avons tous la main levée, nous n'attendons que notre droit de parole.