Le 2 octobre 1996, Robert Bourassa nous quittait. Pour plusieurs, cette date demeure remplie de souvenirs. Mais 20 ans plus tard, les proches de l'ancien premier ministre ont plutôt choisi de célébrer sa vie - l'homme de famille, la bête politique, les réalisations et la grandeur d'un être humain hors du commun.

Sans aucun doute, Robert Bourassa a laissé sa marque au Québec, ayant remporté quatre des cinq élections provinciales entre les années 1970 et 1994. Il fut premier ministre à une époque où des dossiers d'envergure tels que l'économie, le développement de la Baie-James, l'assurance maladie, la Charte des droits et libertés de la personne, la réforme constitutionnelle et l'avenir de la langue française, pour ne nommer que ceux-là, étaient au centre du débat public.

Vendredi dernier, lors d'une soirée non partisane qui s'est déroulée dans une atmosphère de fête et de retrouvailles, ses amis et collaborateurs se sont réuni à Montréal pour se souvenir de l'oeuvre et du dévouement constant de Robert Bourassa envers ses concitoyens. Les premiers ministres Brian Mulroney, Daniel Johnson, Jean Charest et Philippe Couillard ont pris la parole pour commémorer ses grandes réussites, mais surtout pour nous présenter l'homme qu'il fut.

Certes, les historiens dresseront leur propre bilan pour les générations à venir. Certains seront d'avis que les enjeux de cette époque (comme la langue et la question nationale) furent beaucoup plus structurants pour l'avenir du Québec que ceux de la période post-Bourassa. Mais qu'importe, une chose est sûre : l'ère Bourassa restera toujours fébrile et passionnante.

En ce vingtième anniversaire de sa mort, je me suis posé les questions suivantes :  Comment Robert Bourassa ferait-il de la politique aujourd'hui ? Serait-il dépassé par le monde des médias sociaux et de l'internet ? Comment réagirait-il au cynisme envers les politiciens ?

Je peux très bien m'imaginer aujourd'hui un Robert Bourassa engagé, et soutenant les divers traités de libre-échange avec l'Europe et l'Asie. En tant que père de la Charte des droits et libertés de la personne, il valoriserait les libertés individuelles et le respect des différences. Aux jeunes, il dirait d'être curieux et de vivre à fond leurs rêves. Il les encouragerait à être innovateurs et bâtisseurs. D'ailleurs, s'il était encore parmi nous, il se préoccuperait constamment de préparer l'avenir et d'être ouvert aux progrès et aux changements. Bref, il ne se limiterait pas à la manchette ou au débat du jour...

À mon avis, l'héritage de Robert Bourassa ne réside pas uniquement dans le fait d'avoir été un homme de son temps, bien au contraire ! Robert serait encore aujourd'hui tout aussi pertinent, tout aussi marquant, et ce, parce qu'il incarnait des valeurs qui transcendent les époques : vision, convictions, inclusion et civilité.

Robert Bourassa croyait que faire de la politique passait par l'engagement de ses concitoyens. Cette vision, motivée par des convictions profondes et inébranlables, ne pouvait réussir, selon lui, qu'avec la mobilisation de tous les Québécois.

Pour lui, additionner les appuis plutôt que les soustraire était essentiel à la réussite.

Mais ce que je retiens surtout de l'héritage de Robert Bourassa, c'est sa grande civilité. Pour lui, les débats d'idées devaient nécessairement se faire dans le respect et l'ouverture aux autres. Jamais il ne personnalisait les échanges ou ne démonisait l'adversaire. Sans oublier, bien sûr, son très subtil sens de l'humour, qui selon lui, avait aussi sa place dans le débat public !