Nous vivons une époque où les préoccupations à l'égard des changements climatiques sont omniprésentes. Il ne faut donc pas se surprendre que plusieurs politiques publiques tentent d'orienter les choix de consommation ayant des effets directs sur notre empreinte carbone ainsi que sur la réglementation touchant les entreprises.

Tant les citoyens que les entreprises sont régulièrement visés en première ligne dans l'atteinte des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, les différents ordres de gouvernement devraient s'impliquer davantage dans leurs propres activités.

Au Québec, le gouvernement est en train de mettre en place sa politique énergétique 2030, avec sa cible ambitieuse de réduction de la consommation de pétrole de 40 % d'ici 2030 - une exigence qui sera principalement absorbée par les industries et les utilisateurs/automobilistes, qui en payeront la facture.

Il s'agit d'un effort colossal qui mobilisera surtout le transport et l'efficacité énergétique.

Le gouvernement fédéral veut aussi faire ses efforts en matière de climat et se penche sur les différentes modalités de tarification du carbone dans l'ensemble des provinces. Ultimement, ce sont les citoyens et les entreprises qui sont ainsi mis à contribution.

Or, les gouvernements de tous les niveaux pourraient aussi faire des gestes significatifs et prêcher la vertu par l'exemple. Prenons deux cas concrets, qui pourraient rapidement traduire cette volonté de façon efficace tout en créant un effet d'entraînement sur le marché : d'un côté, procéder au remplacement graduel des flottes publiques et institutionnelles ; de l'autre, utiliser les marchés publics et leurs appels d'offres comme leviers de transition énergétique et comme vitrine technologique.

AUTOMOBILES ZÉRO ÉMISSION

Dans son projet de loi visant l'augmentation du nombre d'automobiles à zéro émission au Québec (PL 104), le gouvernement souhaite imposer cette transition aux citoyens par diverses mesures. Mais pourquoi ne procéderait-il pas lui-même plus rapidement à la transformation de son parc de véhicules ? Et si on utilisait comme excuse que cela pourrait avoir un coût significatif pour le contribuable, n'est-ce pas la même chose pour le citoyen à qui on demande d'absorber personnellement le coût d'une transition dans ses propres achats de biens et services... ?

Dans son Plan d'action en électrification des transports 2015-2020, Québec se donnait d'ailleurs comme cible d'augmenter à 100 000 le nombre de véhicules électriques et hybrides rechargeables immatriculés dans le parc automobile du Québec. Quelle belle occasion à saisir !

Si tous les véhicules gouvernementaux et municipaux étaient remplacés par des voitures à zéro émission, non seulement les gouvernements seraient les premiers ambassadeurs de l'électrification des transports pour lutter contre les changements climatiques, mais ce choix d'approvisionnement aurait des répercussions tangibles sur l'ensemble de la chaîne de producteurs et de fournisseurs de ce type de véhicules, sur leur image publique et sur leurs démarches de sensibilisation des citoyens et des entreprises.

MARCHÉS PUBLICS

Considérons maintenant le rôle plus général des marchés publics, dans la foulée du contexte du projet de loi 108 qui veut instituer l'Autorité des marchés publics et revoir les règles d'attribution des contrats. Le gouvernement pourrait profiter de ces réformes en profondeur pour permettre au marché de jouer un rôle de véritable activateur de l'innovation.

Il pourrait créer un effet de demande en balisant des normes de construction vertes, par exemple, qui tiennent compte des cycles de vie des bâtiments, de l'optimisation de l'efficacité énergétique et des stratégies d'approvisionnement. Si les gouvernements proposent des projets d'infrastructures écoresponsables, le marché va suivre et répondre avec une offre conséquente. Ils pourraient ainsi miser davantage sur l'adoption de produits issus de nouvelles technologies vertes et s'en servir comme démonstrateurs.

Car, en effet, l'État a le rôle de protagoniste sur la vitrine publique, il doit incarner les vertus qu'il prêche avant de demander aux contribuables, citoyens et entreprises de déployer des efforts supplémentaires pour porter seuls le fardeau de notre empreinte carbone. L'exemplarité est la meilleure façon d'influencer les autres.