Nous n'avons plus de mots pour parler de ce qui vient d'arriver à Nice, non plus qu'à Paris ou à Orlando.

Nous tentons en vain, avec les médias, de trouver un sens à ces carnages à répétition. Il faut pourtant continuer de réfléchir. On ne peut plus accorder crédit au fanatisme religieux. Oui, les terroristes s'en donnent l'étiquette, mais qui croient-ils berner ?

Car, sans être versé en sciences religieuses, on entend bien que toutes les grandes confessions de ce monde prêchent la bonté, le partage et l'ouverture, pour autant qu'on se fie à la très grande majorité de leurs pratiquants.

Il faut être naïf pour croire que ce qui guide la commission d'actes aussi cruels soit la soumission aux commandements d'un dieu adoré, quel qu'il soit.

Depuis la nuit des temps, certaines personnes ou groupes ayant soif de pouvoir s'approprient les richesses et laissent les grandes parties des populations dans l'ignorance et la pauvreté.

Et voici que depuis un peu plus de dix ans, le monde est ouvert à tous par l'internet et le téléphone cellulaire. Tout un chacun a la possibilité de voir et de communiquer avec la planète entière. L'époque où la dictature s'exerçait sans entrave autre que quelques groupuscules récalcitrants est révolue. Le pouvoir appartient maintenant à celui qui réussira à influencer les plus démunis et les plus déséquilibrés, tant mentalement que socialement.

La migration est de plus en plus importante et le mélange des cultures présente de grandes difficultés. Ajoutons à cela les écarts de richesse, le gaspillage alimentaire, l'éclatement des familles, tout un cocktail qui pousse les jeunes, surtout, vers les portes de sortie exaltantes de l'adhésion à une idéologie, à un groupe par lequel ils se sentent définis, portés. 

Oui, nous cherchons, autour de la vingtaine, notre vraie place, celle qui nous fera sentir vivant, qui fournit un but à notre existence. Malheureusement, beaucoup ne trouvent comme interlocuteur logique et persistant que leur ordinateur. Oui, il est difficile d'être parent, gouvernant ou professeur. Encore plus aujourd'hui, avec la venue de ce grand compétiteur qu'est le web. Mais il faudra continuer d'insister pour que s'établisse et se maintienne ce véritable contact humain régulier et nourrissant.

Car ce n'est qu'à travers lui que se développe l'humain en chacun de nous. Il y a plus de dix ans, La Presse publiait une lettre de ma main intitulée « Mettre le bouton à off ». Je pourrais la retranscrire ici mot à mot pour dire combien il demeure essentiel de privilégier le rapport humain à celui d'un écran ou d'un téléphone.

Les outils électroniques sont fort utiles, mais ils sont devenus une entrave et une excuse pour éviter la communication directe. Nombreux sont les timides ou les anxieux qui trouvent refuge dans les rapports virtuels.

Que faisait-on avant, quand on était témoin d'un repli sur soi de la part d'un proche ou d'un voisin ? N'allait-on pas frapper à sa porte pour s'enquérir de ses besoins ou de sa peine ? De nos jours, chacun se replie sur son propre bidule. Et voilà que des esprits tordus et avides de domination en profitent pour influencer les plus fragiles d'entre nous.

Ces jeunes qui se portent volontaires pour tuer des masses en mettant fin à leurs propres jours sont des suicidaires déguisés en terroristes. Car les actes criminels qu'ils croient commettre pour une juste cause n'ont peut-être pour but que de mourir dans la gloire, d'exister pour le monde, enfin ! Or, s'ils avaient vraiment cru être importants pour leur entourage, leur société, cru qu'ils avaient réellement un rôle constructif à jouer, auraient-ils choisi cette voie ?

Sur tous les plans, famille, école, ville, gouvernement, nous devons nous mobiliser pour briser l'isolement et contrer la perte de repères, tant identitaires que sociaux. Nous devons donner à nos enfants et à nos jeunes l'espoir et l'occasion de jouer un rôle actif et valorisant dans leur monde, petit et grand.