Comme beaucoup de collègues, nous avons été très déçus de l'annonce du report du nouveau programme d'histoire au secondaire par le ministre Proulx.

Rappelons d'abord son historique. Depuis la réforme de 2008, le programme actuel n'a fait que des mécontents. Redondance du contenu du cours, absence de larges pans de notre histoire, etc. Une réforme à la réforme s'imposait.

Le rapport Beauchemin-Fahmy-Eid allait dans le bon sens : une trame chronologique sur deux ans avec une ligne directrice dite nationale. Un très large consensus a accueilli ce rapport et la ministre de l'époque, Marie Malavoy, a annoncé un changement au printemps 2014.

Depuis ce temps, un groupe de travail du Ministère a entrepris un vaste chantier où tous les acteurs ont pu se faire entendre : universitaires, didacticiens, syndicats, sociétés d'histoire, anglophones, autochtones et comité-conseil formé d'enseignants du secondaire. Jamais la conception d'un nouveau programme n'aura eu une si grande consultation. Plusieurs versions ont été travaillées et retravaillées.

Depuis septembre dernier, une centaine d'enseignants expérimentent ce nouveau programme et l'accueil est plus qu'emballant.

Les enseignants sont satisfaits, les élèves sont motivés et leurs parents sont heureux. Enfin, l'histoire devient signifiante pour la société. Ces enseignants ont déjà hâte de continuer leurs classes-pilotes l'an prochain en quatrième secondaire.

LE CHOIX DE LA DIVISION

Mais voilà que quelques voix se sont élevées contre ce nouveau programme. Elles ont été assez influentes pour que le ministre en fasse son report. Pourtant, une lecture attentive nous permet de constater que les autochtones y sont traités avec équité. On y trouve, entre autres, la terrible histoire des pensionnats indiens. Du jamais vu dans les cours d'histoire !

Les anglophones ne sont pas en reste. En plus de leur apport à la société québécoise, ils verront des leurs dans le nouveau programme : Mordecai Richler, par exemple. Il est également normal de les présenter comme étant des conquérants puisqu'ils ont gagné la guerre de la Conquête et les rébellions. Ils ont contrôlé la majeure partie de l'économie du Québec pendant plus de 200 ans. Les faits le prouvent. Quant à la question nationale, le nouveau programme propose de voir les différents côtés de la médaille, non pas comme le programme actuel où les élèves ne voient aucun côté de celle-ci.

En ce sens, le ministre Proulx aurait dû aller de l'avant avec l'enseignement du nouveau programme dès septembre 2016 en troisième secondaire. Il aurait pu prendre la première année de l'implantation de ce programme pour écouter les acteurs sur le terrain et faire les ajustements s'il y a lieu. Il a plutôt choisi un processus qui divise et stigmatise. Dommage, car ce gouvernement aurait pu affirmer que ce dossier a bien été mené malgré les nombreux changements de ministres depuis 2014.

- Claude Tousignant, Éric Ouimet, Philippe Arcand, Frédéric Bouchard, Pascal Debien, Catherine Leduc, Catherine Mainville, Brigitte Burns, Mathieu Thériault, Gaétan Jean, Serge Gagnon, Guylaine Fortier, Éric Vaillancourt, enseignants en histoire à la Commission scolaire de Laval.