La course à la direction du Parti québécois relance une fois de plus la question du statut politique du Québec. Comme à l'habitude, chacun des aspirants va présenter sa vision et essayer de se différencier de ses adversaires.

Ainsi, selon un candidat, il nous faut ni plus ni moins qu'un nouveau pays. Un autre candidat affirme que le projet est inachevé et qu'il faut le compléter. Mais, comme par le passé, ce n'est pas à ce niveau que la question va être débattue.

Aucun des candidats ne peut en effet éviter l'inévitable question de la tenue d'un référendum.

Pour tous les candidats, présenter leur position sur cette question est devenu un exercice de haute voltige. Il s'agit pour chacun, tout en demeurant vague, de convaincre la population que sa position est la meilleure.

La guerre des chiffres va également reprendre. D'ailleurs, les premières salves ont déjà été tirées. D'une part, les souverainistes vont affirmer que la souveraineté est réalisable. Plusieurs pays dont la population n'est pas plus importante que celle du Québec sont souverains et s'en portent assez bien. Pourquoi pas le Québec ?

D'autre part, leurs adversaires vont démontrer, en s'appuyant sur des études sérieuses, que la souveraineté n'est pas souhaitable. Selon eux, les conséquences sur l'économie, la création des emplois et la prospérité seraient très négatives, voire désastreuses. Pourquoi changer une situation qui, compte tenu de notre qualité de vie, nous a assez bien servis ?

Au sein de la population, dans le contexte actuel d'instabilité et d'insécurité, les gens sont surtout préoccupés par l'état de l'économie, la création d'emplois, les impôts et autres questions de même nature. Ils s'intéressent évidemment à bien d'autres choses, telles la santé, l'éducation et la culture, mais ils n'y attachent pas le même degré d'importance.

DE NOMBREUSES QUESTIONS

Au cours des 50 dernières années, comme bien d'autres, je me suis plus d'une fois posé la question. Je pense comme ceux qui concèdent que le Québec pourrait, sur le plan des principes, être souverain. Mais, en pratique, la séparation provoquerait des changements profonds dont les effets se feraient sentir pendant des années. Sans l'ombre d'un doute, le Québec traverserait une période de profonds et pénibles bouleversements.

La souveraineté soulève plusieurs questions qui, à mon avis, n'ont jamais reçu de réponses satisfaisantes. Le dollar canadien serait-il remplacé par un dollar québécois ? Quelle serait la valeur de ce dollar québécois ? Qu'adviendrait-il du passeport canadien si bien vu partout dans le monde ? L'accord de libre-échange, si important pour notre économie et les emplois, pourrait-il être maintenu aux mêmes conditions ?

À ces questions s'ajoute celle de l'arrêt des transferts financiers de l'ensemble canadien vers le Québec. En effet, nous recevons année après année d'importants transferts sous forme de péréquation, de transferts en santé, de pensions de vieillesse et de suppléments de revenu garanti et d'assurance emploi. Comme notre économie se situe en dessous de la moyenne canadienne et que notre population vieillit plus rapidement que les autres, les transferts vers le Québec se chiffrent chaque année en milliards. La fin de ces transferts provoquerait inévitablement d'importantes coupes de dépenses et la modification ou la fin de plus d'un programme.

Devant ces questions, il n'est pas surprenant de voir les candidats s'engager dans des valses-hésitations lorsqu'ils abordent la question de la souveraineté et du référendum. Ils ne semblent pas conscients que le climat d'incertitude qu'ils entretiennent a un effet négatif sur notre économie qui dure depuis trop longtemps.

Si les candidats à la direction croient vraiment dans l'option de l'indépendance, ils doivent mettre fin à toute ambiguïté et s'engager nettement.

Ce qui signifie, advenant l'élection du PQ, s'engager à tenir dans un délai d'un an un référendum sur l'indépendance. Ils doivent aussi s'engager à poser la vraie question : êtes-vous, oui ou non, pour l'indépendance du Québec ?

Une fois pour toutes, il faut vider cette question. À l'ère de la mondialisation et des immenses défis qui nous attendent, l'ambiguïté et l'incertitude n'ont plus leur place.