Le témoignage touchant de M. Taillefer lors de son passage à Tout le monde en parle a permis de mettre à l'avant-scène la problématique du suicide chez les adolescents.

Le drame de cette famille nous a amenés à nous interroger, en tant que société, sur la prévention de cette tragédie qu'est le suicide, notamment dans la vie virtuelle de nos adolescents.

Selon les dires de son père, Thomas passait beaucoup de temps devant son ordinateur.

Nous connaissons probablement des jeunes, voire des adultes de notre entourage, qui s'enlisent dans ce mode de vie.

Les accros aux médias sociaux, ceux qui sont incapables de ne pas consulter à tout moment leur téléphone intelligent et les guerriers aguerris des World of Warcraft de ce monde, qui en viennent à vivre par procuration une vie d'avatar.

Si la prévention du suicide doit être une priorité, il y a également lieu de se questionner sur la problématique de la cyberdépendance et les dérives que cela peut amener. La cyberdépendance, qui quitte à peine le seuil de la reconnaissance au ministère de la Santé, fait plus que jamais l'objet d'intérêt et de questionnements dans le monde médical et psychosocial.

UNE DÉPENDANCE MÉCONNUE

Nouvellement apparus sur l'écran radar des dépendances, les paramètres qui la définissent se limitent pour le moment aux joueurs en ligne ou gamers compulsifs. L'usage abusif des médias sociaux et de l'internet en général ne font pas partie pour l'instant de la définition de la cyberdépendance.

Encore méconnue du public, la cyberdépendance touche de plus en plus de jeunes. Les parents, eux, sont souvent dépourvus devant l'attrait des écrans qui ont vidé les parcs, les ruelles et transformé en dortoirs beaucoup de quartiers autrefois grouillants de Guy Lafleur en bottines.

Contrairement à un consommateur de drogues qui peut être détecté par des symptômes physiques ou comportementaux apparents, le cyberdépendant sera souvent plus discret et moins dérangeant pour son environnement, laissant peu d'indices pour sonner l'alarme.

Les répercussions de cette dépendance n'en sont pas moins dramatiques que la surconsommation de cannabis ou autres substances addictives.

L'isolement, les difficultés relationnelles et sociales, les problèmes de santé mentale et les autres effets pervers associés à la toxicomanie sont également le lot des cyberdépendants.

Un adolescent qui en vient à considérer le suicide comme seule issue à son malheur doit avoir accès à des ressources de première ligne. En ce sens, les organismes comme Tel-jeunes ou les centres de prévention du suicide font un travail qui doit être encouragé.

Réjouissons-nous que l'appel de M. Taillefer ait été entendu par de nombreux donateurs. Mais une fois la crise passée, une fois l'irréversible évité, comment traiter le mal de vivre ?

DES OUTILS

Lorsque la vie virtuelle prend toute la place, comme la drogue pour un toxicomane, un suivi psychologique ou un suivi en traitement de la dépendance sont des outils à considérer.

Pour les parents inquiets, pour les jeunes dépendants, sachez que plusieurs solutions existent. Parmi celles-ci, les centres Le Grand Chemin, qui aident depuis plus de 25 ans les adolescents du Québec aux prises avec des problématiques de dépendance, ont développé au cours des dernières années des services novateurs en traitement de la cyberdépendance. Les traitements en résidence de la cyberdépendance, une première québécoise, sont offerts gratuitement aux jeunes de 12 à 17 ans, parallèlement aux traitements des autres dépendances.

N'hésitez pas à demander de l'aide, que ce soit au Grand Chemin ou auprès d'autres ressources compétentes.