Lorsque les ministres des Finances du Canada se rencontreront en juin pour aborder la question de la sécurité de la retraite pour des millions de Canadiens, ils devront prendre une décision importante : laisser les provinces faire cavalier seul et créer un système de pensions fragmenté qui diffère d'une province à l'autre, ou travailler en collaboration afin d'améliorer un système de pensions national dont peuvent bénéficier tous les Canadiens, peu importe l'endroit où ils vivent et leurs revenus.

Lorsque les ministres des Finances du Canada se rencontreront en juin pour aborder la question de la sécurité de la retraite pour des millions de Canadiens, ils devront prendre une décision importante : laisser les provinces faire cavalier seul et créer un système de pensions fragmenté qui diffère d'une province à l'autre, ou travailler en collaboration afin d'améliorer un système de pensions national dont peuvent bénéficier tous les Canadiens, peu importe l'endroit où ils vivent et leurs revenus.

Cette décision aura une incidence sur les Canadiens pour les générations à venir. Nous devons renforcer notre système d'épargne-retraite national par l'entremise d'améliorations peu coûteuses et efficaces qui ciblent les personnes les plus vulnérables.

La rencontre des ministres des Finances en juin tombe à point.

En effet, certains gouvernements provinciaux ont affirmé être prêts à aller de l'avant avec leurs propres réformes des régimes de pension en l'absence d'une expansion du Régime de pensions du Canada (RPC).

ÉVITER LES DISPARITÉS

Il serait regrettable pour les Canadiens, qui méritent des revenus de retraite équitables, quelle que soit la province où ils habitent, de laisser les gouvernements provinciaux aller de l'avant avec leurs réformes des régimes de pension. La création de régimes de pension provinciaux multiples aurait pour conséquence d'entraîner une disparité entre les provinces en ce qui a trait aux revenus de retraite, en plus de nuire à la mobilité de la main-d'oeuvre. Les Canadiens doivent avoir la liberté de déménager où bon leur semble au Canada tout en continuant de profiter de leur régime de retraite.

Au cours des semaines et des mois à venir, nous exhorterons les dirigeants canadiens à adopter des améliorations au régime de retraite pouvant être mises en oeuvre à des coûts raisonnables par les provinces. Heureusement, les enjeux liés au système d'épargne-retraite sont bien définis. De plus, des solutions ciblées existent et leur incidence sur l'économie (notamment sur les coûts de main-d'oeuvre et la création d'emplois) peut être minimisée, le tout en nous appuyant sur les forces du système de retraite canadien, qui est déjà solide.

Nous serions favorables à une solution d'épargne-retraite à l'échelle nationale conforme aux principes directeurs suivants : 

1. Éviter que les personnes âgées à faible revenu ne sombrent dans la pauvreté. Les changements annoncés récemment par le gouvernement fédéral relativement au Supplément de revenu garanti (SRG) sont un pas dans la bonne direction.

2. Accroître les occasions d'épargner pour la retraite, notamment pour les personnes qui en ont le plus besoin. Plusieurs études montrent qu'un nombre restreint de Canadiens doivent épargner davantage pour leur retraite ; il s'agit presque exclusivement de personnes dont le revenu se classe dans les tranches moyenne et supérieure.

3. Éviter de contraindre les Canadiens à faible revenu à épargner au-delà de leur capacité. Les Canadiens dont le revenu se situe dans la tranche inférieure reçoivent déjà un revenu de remplacement raisonnable à la retraite par l'entremise de la Sécurité de la vieillesse (SV), du SRG et de la prestation du RPC. Une hausse obligatoire des cotisations au RPC aurait pour conséquence de retirer plus d'argent de leurs poches aujourd'hui sans pourtant améliorer leur situation de façon notable dans l'avenir.

4. Étendre de façon raisonnable l'épargne-retraite obligatoire aux Canadiens à faible revenu. Le RPC joue un rôle central en matière de sécurité de la retraite pour les Canadiens à faible revenu. Le dialogue relativement au rôle accru du RPC devrait être axé sur les personnes de cette tranche de revenu. Nous tenons toutefois à souligner que l'épargne-retraite obligatoire a une incidence négative sur les salaires et la création d'emplois. Par conséquent, il est essentiel que toute nouvelle mesure ait un champ d'application ciblé et soit accompagnée d'une réduction des autres cotisations afin d'atténuer les répercussions sur les coûts salariaux.

5. Mettre l'accent sur le libre choix et la responsabilisation pour les Canadiens à revenu élevé. Les Canadiens dont les revenus sont élevés pourraient tirer profit d'une solution qui insiste sur la responsabilisation plutôt que sur un revenu de retraite garanti par l'ensemble des contribuables. Cette solution comprend un meilleur accès aux régimes de retraite offerts par les employeurs ainsi que des mesures incitant à épargner davantage qui respectent les choix et la situation personnelle de chacun.

6. Éviter la création de systèmes provinciaux disparates. Miser sur les régimes existants s'avère plus efficace et rentable que de mettre sur pied de nouveaux régimes. De plus, cela permet de protéger la mobilité de la main-d'oeuvre, ce qui est absolument essentiel.

Les Canadiens qui travaillent à la sueur de leur front ont le droit de savoir que leur avenir financier sera assuré à la retraite, quelle que soit la province où ils vivent. Nous pouvons assurer de meilleurs revenus de retraite à tous les Canadiens en améliorant notre système national actuel qui protège les personnes âgées, aide les personnes les plus démunies et met l'accent sur la responsabilité de chacun, tout en permettant d'éviter la création de systèmes provinciaux disparates.

Nous recommandons vivement aux ministres des Finances du Canada d'opter pour cette solution.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE-25/JUILLET/2015--GENERAL-PHOTOS STOCK. Age d'or. La retraite. Vieillards, personnes agees. Ainees. # -30-