En cette semaine de prévention du suicide, on sensibilise les gens au fait que les maladies mentales sont des maladies au même titre que le diabète ou la fibrose kystique. Pourtant, la maladie mentale continue d'être traitée comme un enjeu secondaire par notre gouvernement, qui peine à offrir des soins accessibles et adaptés. La sensibilisation est essentielle, mais elle ne fournit aucune aide à des gens qui sont en situation de détresse.

Quiconque a eu affaire au système de santé tel qu'il est aujourd'hui sait qu'il est urgent d'adopter des réformes majeures pour améliorer son efficacité. L'accessibilité insuffisante aux soins du système actuel fait en sorte que les malades doivent littéralement se battre pour avoir les services dont ils ont besoin. Pour citer le psychiatre Olivier Farmer, « les gens n'ont pas accès aux bons services aux bons moments ». 

Les délais d'attente pour voir un psychiatre se comptent encore en mois, alors que les personnes en détresse ont besoin de l'aide immédiate d'un spécialiste. À ce sujet, le Rapport du Protecteur du citoyen déposé en septembre dernier est accablant. On y mentionne que, dans le système actuel, « des personnes aux besoins pressants sont maintenues sur des listes d'attente, sans autre soutien ». On rapporte l'exemple d'un citoyen qui, laissé sur une liste d'attente de six semaines pour être accueilli par une clinique externe après un séjour à l'hôpital, s'enlève la vie. C'est révoltant !

Que la lenteur du système actuel soit la cause d'un seul suicide devrait faire réagir promptement le gouvernement.

Combien de temps pourrons-nous tolérer que des gens meurent à cause du manque de ressources ?

UN PLAN TIMIDE

Les mesures comprises dans le Plan d'action en santé mentale déposé en octobre dernier par le ministre Barrette, assorties d'un investissement de 70 millions de dollars, déçoivent. Remettons en perspective ces investissements. Actuellement, les dépenses en santé mentale sont de 1,2 milliard au Québec. Une augmentation du budget de 6 %, c'est bien faible compte tenu de la situation actuelle. C'est d'une petite révolution qu'on a besoin. Rappelons que, selon la Commission de la santé mentale (CSM) du Canada, pour qui les investissements en santé mentale doivent augmenter significativement, la maladie mentale coûte aux contribuables canadiens 50 milliards par année. Notre gouvernement, qui n'agit qu'en fonction des colonnes de chiffres des budgets qu'il élabore, devrait trouver dans ce nombre un motif valable pour agir. 

Ajoutons que les besoins risquent d'augmenter avec les années. Selon l'Organisation mondiale de la santé, la dépression sera la deuxième cause d'invalidité d'ici 2020.

Pour ce qui est des mesures prises dans le Plan d'action, elles n'inspirent guère confiance. L'Association des médecins psychiatres du Québec décrit le plan comme « décevant », déplorant qu'il formule des voeux pieux, mais peu de solutions concrètes qui peuvent être rapidement appliquées. Contrairement à ce qu'il dit, le gouvernement a accouché d'une souris.

AGIR POUR CHANGER LES CHOSES

Il est de la responsabilité de tout gouvernement d'offrir des soins décents à sa population, que ce soit pour un bras cassé ou une crise psychotique. Dans l'idéal, c'est d'un Club Med que les gens qui ont des problèmes de santé mentale devraient bénéficier. On devrait les accueillir à bras ouverts de sorte qu'ils se sentent en sécurité. 

Les gens qui sont déjà en train de se battre n'ont pas la force de gravir une montagne pour se faire soigner. Il est temps que les soins que l'on offre redonnent de l'espoir à ceux qui l'ont perdu.