En réponse à cette question, il semble bien que oui. Lorsqu'on parle de réinvestir en éducation, on oublie d'ajouter « sauf dans le milieu universitaire, évidemment », sans doute pour ne pas blesser inutilement...

Le calcul est fort simple : le poids politique des universités et de ceux qui se préoccupent de leur sort étant mineur, ça ne coûte pas cher de procéder à des coupes additionnelles. Pour résumer de façon un peu brutale, peut-être, la société québécoise se fout pas mal des universités. Elle s'en préoccupe, en tout cas, beaucoup moins qu'ailleurs au Canada.

Après tout, on parle ici de gens bien payés qui enseignent trois ou quatre cours par année et qui ont quatre mois de vacances, n'est-ce pas ?

L'encadrement d'étudiants des cycles supérieurs, l'administration des départements, la recherche ? Ben voyons ! Écrire des articles scientifiques soumis au jugement parfois vitriolique des pairs, ça doit bien se faire les deux pieds sur la bavette du poêle en regardant le hockey ! Et puis, à quoi ça sert au juste, cette chose qu'on appelle le progrès des connaissances, hein ?

Les sociétés plus scolarisées sont en meilleure santé (incluant un taux de tabagisme plus faible), voient leurs citoyens participer davantage au processus politique, incluant les débats de politique publique, et font preuve de plus d'innovation. Au premier chef, ces sociétés créent plus de richesse qu'elles ont ensuite le loisir de redistribuer si elles en font le choix.

Les autres dimensions sont ce qu'on appelle les externalités positives de l'éducation. Une de ces externalités fait défaut, toutefois. Il faut constater, à regret, que la scolarité de niveau universitaire que nos décideurs publics possèdent ne semble pas contribuer à leur conférer davantage de courage politique.