Cette année, le 5 juin, un référendum national décidera si la Suisse versera un revenu de base à tous ses concitoyens.

Un peu plus dans le nord, aux Pays-Bas, la ville d'Utrecht lancera un projet pilote sur le sujet dès janvier 2016 et la Finlande a d'ores et déjà annoncé qu'elle reproduirait cette initiative sur son territoire cette année.

Un revenu de base est une allocation universelle, inconditionnelle et individuelle. Concrètement, cela signifie que tous les membres d'une société, sans exception et sans condition, reçoivent chaque mois une somme fixe dans leur compte en banque.

L'idée n'est pas nouvelle, ayant été proposée par plusieurs penseurs au fil du temps, mais son application n'a jamais été envisagée sérieusement par aucun gouvernement.

Plusieurs experts constatent que les faibles taux de croissance actuels forcent les pays développés à accumuler des déficits. En cherchant des solutions structurelles à ces difficultés, militants et penseurs considèrent sérieusement l'idée d'un revenu de base.

L'idée du revenu de base fait tout de même son chemin au Québec. Pour appuyer et accélérer les débats sur le sujet, nous avons décidé de mettre sur pied une initiative citoyenne, « Revenu de base Québec ».

Si le débat est déjà lancé parmi des citoyens et des citoyennes engagés, le revenu de base est également présent dans les discussions de nos dirigeants politiques. Lors du dernier Forum Idées organisé par le Parti libéral du Québec (PLQ), le premier ministre Philippe Couillard a manifesté un grand intérêt pour cette idée et il a dit souhaiter en discuter davantage lors du forum de 2016. Par ailleurs, le ministre François Blais est l'auteur de l'un des plus importants livres parus en français sur le sujet : Un revenu garanti pour tous. Au Canada, l'idée a le soutien du ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social Jean-Yves Duclos et des militants du Parti libéral du Canada (PLC).

Il existe des centaines de raisons pour lesquelles un revenu de base peut faire avancer notre société, mais en voici trois qui nous semblent pertinentes dans un contexte québécois.

1. SIMPLIFIER LA BUREAUCRATIE

Le contexte socioéconomique et la complexification de notre État-providence rendent nos programmes de plus en plus difficiles à administrer et inefficaces. Notre État-providence commence à montrer ses limites devant la précarité croissante de nos conditions de vie. Il est composé de milliers de programmes sociaux et de crédits d'impôt dont l'administration s'avère complexe et coûteuse.

Il est maintenant temps d'envisager de grandes réformes et de simplifier son fonctionnement. En consolidant certains programmes qui offrent un soutien financier, nous pouvons bâtir un État plus simple et une société plus dynamique. Cette réforme ne toucherait toutefois pas les programmes universels, tels que l'assurance maladie. Le revenu de base a plutôt pour objectif de remplacer notre filet de sécurité, qui laisse d'ailleurs beaucoup de personnes dans le besoin.

2. METTRE UN TERME À LA STIGMATISATION

Nous avons mis sur pied des programmes qui offrent peu d'incitatifs au travail. De plus, ils nécessitent des vérifications constantes, parfois intrusives, de la part des autorités gouvernementales. Ces programmes ont également pour effet de stigmatiser les ayants droit et de les décourager à faire les démarches nécessaires de peur d'être montrés du doigt. Ces derniers se retrouvent alors dans des situations encore plus difficiles et plus coûteuses à corriger. Il faut éliminer le stigma lié à nos programmes de soutien financier. Le revenu de base offre la meilleure solution à cette problématique.

3. OFFRIR LA DIGNITÉ À TOUS

Une société développée et riche comme la nôtre est en mesure d'assurer cette dignité. Nos programmes sociaux partagent ce but, mais ne sont pas adaptés à la complexité et la spécificité de chaque situation. En offrant un revenu de base à chacun, on s'assure que tous les Québécois et les Québécoises puissent vivre dignement, comme le garantissent le droit de vote ou l'accès à des soins de santé, sans distinction de son statut. Puisque le revenu de base est cumulable avec tout autre revenu, chaque personne est encouragée à envisager de nouvelles façons de participer à la vie de sa communauté.

Nous sommes dans les faits très proches de sa mise en place, en raison de l'aide déjà offerte dans de multiples formes par l'État québécois, tant aux personnes qu'aux entreprises.

En donnant un revenu de base à chaque Québécois, nous pourrions réduire le décrochage scolaire, le taux de criminalité et le degré d'utilisation de nos services de santé, comme l'ont démontré les premiers projets pilotes.