Depuis trois ans, le dossier des oléoducs mobilise les élus et les citoyens du Grand Montréal. À titre de président de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), j'ai fait connaître à plusieurs reprises notre position de « tolérance zéro » devant les risques environnementaux que représente le transport de produits pétroliers par oléoducs.

J'ai dit et répété qu'en matière de transport pétrolier, il nous faut une note parfaite et que nous n'avons pas le droit à l'erreur.

Nous ne sommes pas contre les oléoducs ; nous avons donné notre accord au projet d'inversion de la ligne 9B d'Enbridge. Mais aujourd'hui, nous disons non à Énergie Est.

Le projet présenté par TransCanada comporte trop de risques environnementaux pour le Grand Montréal.

Rappelons que la région de Montréal est un archipel fortement urbanisé, composé de 4 millions d'habitants. Les risques environnementaux, en particulier pour l'approvisionnement en eau potable, sont beaucoup plus grands qu'ailleurs.

Le tracé d'Énergie Est traverse plusieurs cours d'eau importants, dont la rivière des Outaouais, celle des Mille Îles, la rivière des Prairies et la rivière L'Assomption. En cas d'incident, les prises d'eau potable de plusieurs municipalités du Grand Montréal pourraient être menacées.

Soulignons que le coût d'un déversement majeur dans la région métropolitaine de Montréal pourrait atteindre 10 milliards de dollars.

Par ailleurs, notre opposition au projet Énergie Est est cohérente dans le contexte où la planète amorce une transition énergétique.

À l'heure actuelle, la plupart des gouvernements nationaux et locaux adoptent des plans d'action afin d'établir des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), de réduire leur dépendance au pétrole et d'effectuer une transition vers des énergies plus vertes.

J'étais moi-même à Paris il y a quelques semaines pour prendre part aux discussions de la COP 21.

Dans un contexte où les nations de la Terre se sont entendues sur des mesures encore plus contraignantes pour limiter les émissions de GES, on ne peut justifier la construction d'un oléoduc, qui comporte par ailleurs plus de risques que de véritables bénéfices.

Nous ne sommes pas les seuls à nous opposer à des projets d'oléoducs.

La Colombie-Britannique et les États-Unis se sont clairement opposés à de tels projets pour des raisons de sécurité civile, de protection de l'environnement et d'absence de retombées économiques.

Ceci est également vrai pour la très grande majorité des Premières Nations du Québec, de l'Ontario et du Manitoba.

Plusieurs municipalités, partout au pays, s'opposent au projet Énergie Est ou ont de sérieux doutes quant à sa nécessité.

Pour toutes ces considérations, en plus du manque total de collaboration de l'entreprise TransCanada, ce projet n'obtient pas la note de passage au point de vue économique, social, environnemental et de la sécurité publique.

Au cours des prochains mois, la CMM présentera cette position dans le cadre des consultations que tiendront le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) et l'Office national de l'énergie (ONÉ).

Nous allons, par ailleurs, demander au gouvernement fédéral de modifier la loi afin d'inclure, dans son évaluation de ce projet, une étude d'impact environnemental qui tiendra aussi compte de la production de GES à la source. Nous allons également demander une étude des impacts en cas de déversement accidentel.

Notre décision résulte d'une consultation publique menée à la grandeur de la CMM, au cours de laquelle la vaste majorité (92 %) des intervenants étaient opposés au projet.

En tant qu'élus responsables, notre choix était clair.