Je ne suis pas de ceux qui ont perdu le sommeil après avoir lu dans La Presse de mardi que notre Grand Prix de Formule 1 est, encore une fois, menacé de disparaître. Dans le contexte où l'on devra collectivement apprendre à vivre sous l'eau d'ici la fin du siècle si on ne réussit pas à réduire significativement nos émissions de gaz à effet de serre, il me semble illogique d'encourager la venue de ces voitures extrêmement polluantes sur l'île Notre-Dame chaque été.

Si le grand prix est de toute manière en difficulté financière, profitons de l'opportunité qui nous est offerte et tirons la plogue sur ce festival du bruit et de la pollution.

Le sport motorisé est un reliquat d'une époque où regarder des hommes tourner en rond en brûlant du combustible fossile n'était qu'un loisir inoffensif. Sachant ce que l'on sait aujourd'hui, je suis convaincu que, d'ici quelques décennies, on regardera ce sport avec le même mélange d'étonnement et de mépris que la tauromachie : un sport jadis très populaire, aujourd'hui parfaitement anachronique.

Ce serait une erreur toutefois que de se limiter au Grand Prix de Formule 1. Des centaines d'épreuves de sport motorisé (voitures, camions, bateaux, motoneiges et j'en passe) sont organisées au Québec chaque année. Nous envoyons des tonnes et des tonnes de gaz à effet de serre dans l'atmosphère seulement pour nous divertir.

Si l'on veut être rigoureux dans nos efforts pour combattre le réchauffement climatique, il y a là un beau gros morceau de gras dans lequel on se doit de couper.

Évidemment, l'élimination du sport motorisé ne se ferait pas sans un certain sacrifice financier. Mais les grands prix et les régates ne durent en général qu'une fin de semaine et comptent peu d'employés permanents. Les autodromes, les circuits de karting et de motocross sont des entreprises saisonnières ; encore là, on perd surtout des emplois à temps partiel. Et les festivals un peu partout en province qui présentent des épreuves de véhicules à moteur pourraient sans doute, avec un peu d'imagination, éliminer ces épreuves de leur programme sans être poussés à la ruine. 

Ce serait à mon sens une économie de GES assez peu douloureuse comparativement aux efforts qui seront demandés aux industries, au secteur des transports et aux citoyens si l'on souhaite atteindre nos ambitieux objectifs en matière environnementale.