L'appui accordé à Bombardier par le gouvernement du Québec a suscité des réactions diverses. À Toronto, ce fut une charge unanime des quotidiens contre Bombardier, oublieux des 14 milliards qu'ont versés les gouvernements fédéral et ontarien pour sauver leur industrie automobile (dont 4 milliards restent encore à rembourser).

Au Québec, l'intervention gouvernementale dans ce dossier a reçu un large appui de principe. Bombardier est en voie de parachever un appareil de haute qualité. Les retards et les dépassements de coûts sont regrettables, mais une quasi-norme pour le développement de nouveaux produits dans ce secteur d'une grande complexité. Les retombées économiques et fiscales de la C Series, pour le Québec, se chiffrent par milliards sur la durée du programme.

Le Québec ne doit-il pas démontrer qu'il a la capacité d'appuyer son industrie aéronautique comme le font, par divers moyens, tous les pays qui comptent une telle industrie ? Les citoyens et même les partis d'opposition répondent par un oui sonore à cette question.

Toutefois, certains, pour des raisons faciles à comprendre, prétendent que le gouvernement aurait pu et dû imposer des montages financiers différents pour cette transaction.

Il est toujours hasardeux, du moins c'est le fruit de mon expérience, pour des gens absents de la négociation de prétendre à une sagesse supérieure leur permettant de critiquer les termes d'une transaction.

Rappelons le principe de la transaction : injecter de l'argent liquide, 1 milliard US, dans le programme de la C Series afin de rassurer les acheteurs potentiels de cet avion que l'appareil sera complété, mis en service et appuyé durant toute la vie utile de l'appareil. Ce n'est que par un investissement direct dans le programme que l'on pouvait arriver à cette fin. Puis, rappelons qu'outre les 49,5 % du programme qu'il détiendra, le gouvernement a obtenu des bons de souscription pour 200 millions d'actions de Bombardier au prix de 2,21 $.

Dans l'éventualité où le programme de la C Series s'avérerait un succès, ces bons de souscription pourraient acquérir une valeur considérable et faire de ce placement un des meilleurs du gouvernement du Québec. Imaginons un instant qu'avec le titre de Bombardier se négociant à 3,21 $ ou plus, le gouvernement du Québec pourrait réaliser à terme un profit de 200 millions !

Il faut rappeler à tout un chacun que le programme de la C Series est sous haute surveillance internationale. La confiance envers le programme est un élément critique à son succès. L'engagement du gouvernement du Québec contribue de façon insigne à rétablir cette confiance. Ne la dilapidons pas par de vaines chicanes. Soyons un peu solidaires.