À quelques jours du vote, il est possible d'analyser ce qui s'est passé durant la campagne à la lumière des sondages publiés. Tous les sondages montrent les mêmes tendances, même s'ils ne s'entendent pas nécessairement sur le niveau des appuis.

Où en sommes-nous ?

Depuis la troisième semaine de septembre, on assiste à une remontée de l'appui au Parti libéral, qui est maintenant à environ 35 %. C'est en Ontario que la remontée est la plus impressionnante : elle atteint huit points depuis le 20 septembre et 14 points depuis le début de la campagne. Au Québec, le gain récent est de cinq points, mais comme il y avait eu une baisse durant la campagne, le gain total est de trois points. Ailleurs, le gain total se situe entre cinq et sept points.

Les appuis au Parti conservateur sont revenus au niveau du début de la campagne, 30 %. Le parti a augmenté partout durant la campagne, y compris dans ses fiefs des Prairies. Mais il a plafonné ou perdu des appuis récemment en Colombie-Britannique et surtout en Ontario. Au Québec, il a gagné environ cinq points, pour se situer à 20 %, niveau où il est demeuré depuis deux semaines.

Parti premier en début de campagne, le Nouveau Parti démocratique n'a pas réussi à s'imposer de façon durable. Ses appuis se situent à environ 24 %. La baisse des appuis s'est fait sentir partout, mais elle semble stoppée depuis deux semaines. Le NPD peut encore garder l'espoir de se maintenir en première place au Québec et en Colombie-Britannique, et en deuxième place dans les provinces de l'Atlantique. Récemment, la hausse des appuis au Parti libéral s'est faite plus aux dépens des conservateurs que du NPD, particulièrement en Ontario.

Le Bloc s'est maintenu entre 15 et 20 % durant la campagne. Il a subi une baisse au début et a maintenant regagné les appuis perdus. Son appui est stable depuis deux semaines, à 20 %. Le Parti vert se situe au mieux à 10 % en Colombie-Britannique et à 5 % ailleurs.

Deux éléments doivent nous inciter à la prudence.

D'une part, les sondages ont généralement tendance à sous-estimer le Parti conservateur, une sous-estimation qui a atteint quatre points en 2011 en Ontario.

Si cela se produisait cette fois-ci, l'avance du PLC sur le PCC serait inexistante. D'autre part, plus de 70 % des sondages sont réalisés avec de nouvelles méthodes de collecte - web et téléphonique automatisé (IVR) - et les estimations diffèrent selon les méthodes.

Toutes choses égales par ailleurs, si on les compare aux sondages téléphoniques classiques, les sondages web donnent 2,6 points de plus au NPD et 2,5 points de moins aux conservateurs en Ontario, alors que les sondages IVR donnent 3,9 points de plus au NPD et 2,2 points de moins aux libéraux. Au Québec, les sondages IVR donnent cinq points de plus au Parti conservateur et trois points de moins aux libéraux et au NPD, alors que les sondages web donnent près de 2,7 points de plus au Bloc québécois, 1,7 point de plus aux conservateurs et trois points de moins aux libéraux.

Les chercheurs qui tentent de traduire les intentions de vote en sièges se basent sur les mêmes sondages et pourtant leurs estimations varient. Qu'arrive-t-il si, en plus, les sondages qu'ils utilisent sont biaisés ? Les sondages sont utilisés surtout par les électeurs qui veulent faire un vote stratégique. En ce moment, ces électeurs ne peuvent pas tirer de conclusion définitive de l'image tracée par les sondages. Ils peuvent encore moins se baser sur un seul sondage ou prédiction de sièges pour prendre leur décision.