Les sondeurs peuvent se tromper, mais il y a des choses qui ne mentent pas. La mise en scène utilisée par les conservateurs pour illustrer le coût des hausses de taxes et d'impôts sous Justin Trudeau illustre à quel point le Parti libéral a pris l'avance dans cette course électorale.

Si tout allait bien pour la campagne de Stephen Harper, ce dernier n'aurait pas eu à inviter une femme sur la scène pour déposer des milliers de dollars en argent comptant, accompagnée de bruits de caisse enregistreuse, pour expliquer tout ce que lui coûterait le « plan Trudeau ». Dans un monde idéal, le chef conservateur parlerait de ses intentions d'équilibrer le budget et de remettre plus d'argent dans les poches des contribuables, et non du plan de son principal rival.

La bataille de l'Ontario a été au coeur de cette campagne, et tout indique que les libéraux y sont en bonne position à moins d'une semaine du vote. Tandis que Stephen Harper lançait son avertissement aux contribuables à Waterloo, dans le sud de l'Ontario, Justin Trudeau enlignait les rencontres partisanes dans des circonscriptions entre Ottawa et Toronto qui semblaient acquises aux conservateurs lors du déclenchement des élections.

Il y avait une telle foule lors de son passage dans le stationnement d'un Tim Hortons, à Napanee, que le chef libéral a dû crier pour se faire entendre de tous. L'arrêt suivant à Port-Hope a été déplacé sur la rue principale, le local électoral étant trop petit pour accueillir les partisans réunis en un bel après-midi ensoleillé. Justin Trudeau avait la voix rauque après sa prestation précédente, mais au moins, son équipe lui avait installé un système de son en catastrophe.

Alors que le NPD a dominé les sondages nationaux en début de campagne, les chiffres ont toujours été inquiétants pour les néo-démocrates dans la plus importante des dix provinces. Thomas Mulcair y a souffert de son manque de notoriété, mais les libéraux ont aussi profité d'une plateforme plus ambitieuse pour attirer l'attention des électeurs.

En début de campagne, la première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, a fait campagne pour l'équipe Trudeau. Elle est populaire auprès de la frange de l'électorat qui oscille entre le NDP et le Parti libéral, et sa présence a renforcé la crédibilité de Justin Trudeau auprès de l'électorat qui est souvent qualifié de « progressiste » ou de gauche.

Rendu en fin de campagne, Justin Trudeau cherche maintenant à amadouer un autre type d'électeurs : les supporteurs du défunt Parti progressiste-conservateur du Canada de Brian Mulroney. Dans ses discours, le chef libéral dit à ces gens qu'ils peuvent être fiers du passé progressiste de leur parti, qui a fusionné avec l'Alliance canadienne en 2003.

« Nous n'avons pas besoin de les convaincre d'abandonner le Parti conservateur. Nous devons juste leur démontrer que c'est le parti de Stephen Harper qui les a abandonnés, » a dit Justin Trudeau dans la circonscription de Nepean, en banlieue d'Ottawa.

Les électeurs ontariens semblent avoir compris leur pouvoir électoral et aiment se faire courtiser. Ils sont nombreux, mais aussi volatils. Leur vote n'est jamais acquis, comme celui des résidants de Québec qui semblent toujours prêts à changer d'allégeance d'élection en élection.

Depuis le 2 août, c'est là que les chefs concentrent leurs énergies, tentant à chaque arrêt de convaincre les électeurs que leur portefeuille serait mieux garni sous leur gouverne. Pour l'instant, le Parti libéral semble devancer le NPD dans cette lutte, avec son projet de baisses d'impôts pour la plupart des travailleurs et de meilleurs prestations pour la plupart des familles avec enfants.

C'est pourquoi Stephen Harper cherche maintenant à faire mentir les sondages et prouver aux Ontariens qu'en fait, Justin Trudeau prendrait leur argent au lieu de leur en donner.