Les chefs d'État du monde entier ont approuvé, le 25 septembre aux Nations unies, un nouvel agenda international : Transformer notre monde : le programme de développement durable à l'horizon 2030. Cela a rarement été un enjeu électoral au Canada. Pourtant, l'envergure et la gestion de notre aide internationale sont des questions importantes.

En décembre 2000, l'ONU a mis en place les huit objectifs du millénaire pour le développement (ODM) 2000-2015 qui incluaient : 

a) réduire de moitié la pauvreté extrême et la faim ; 

b) réduire des 2/3 la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle et combattre les grandes pandémies ; 

c) assurer l'éducation primaire pour tous et promouvoir l'égalité des sexes ; 

d) améliorer l'accès à l'eau potable et préserver l'environnement et 

e) établir un partenariat mondial pour le développement.

On peut dire, aujourd'hui, que des progrès remarquables ont été accomplis sur presque tous ces objectifs. Même si les inégalités persistent et que les progrès ont été inégaux, significativement moins de gens ont faim, beaucoup plus d'enfants vont à l'école et moins de gens meurent de maladies pouvant être prévenues ou traitées. 

On note que, depuis l'an 2000 : 

- plus de 1 milliard de personnes sont sorties de l'extrême pauvreté ;

- la malnutrition et sous-nutrition sur la planète sont passées de 24 à 14 % ;

- la mortalité infantile a baissé de près de la moitié et la mortalité maternelle globale a baissé de 45 % ;

- près de 30 millions de malades ont été sauvés du VIH, de la malaria et de la tuberculose ;

- l'accès à l'éducation primaire a augmenté rapidement et est maintenant à plus de 75 % en Afrique et à près de 90 % en Asie du Sud.

Toutefois, l'efficacité de l'aide a exigé une plus grande coordination, un défi, en particulier lors des crises humanitaires. La gouvernance, les droits de la personne, la corruption et la transparence ont parfois été négligés. Enfin, la protection de l'environnement n'a pas reçu une attention adéquate.

De ce bilan globalement positif malgré des lacunes, de nouveaux objectifs pour le développement durable, pour la période 2015-2030, sont mis de l'avant par l'ONU et visent rien de moins qu'à changer l'état de la planète. 

La protection de l'environnement sera centrale. La gouvernance et la transparence prendront aussi plus de place, nécessitant une plus grande participation de la société civile. Les relations entre l'économique, le social, et l'environnement devront être remis en question, comme en appelle même le pape François. Les 17 objectifs de développement durable proposés devraient s'appliquer à tous les pays, incluant le Canada.

L'aide publique au développement (APD) du Canada a atteint un maximum de 5,5 milliards en 2010-2011, mais a subi une baisse constante au cours des trois dernières années. Notre pourcentage actuel de 0,24 % du PIB consacré à l'APD place le Canada au 16e rang des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), loin de l'objectif commun recherché de 0,7 % du PIB. Enfin, les partenariats avec les organismes de la société civile, les ONG de développement et environnementaux ont subi de nouvelles réformes conduisant à beaucoup d'insatisfaction.

Alors, posons donc la question suivante aux candidats députés et chefs de parti en campagne : quelles seront les positions du Canada par rapport aux nouveaux objectifs de développement durable, tant dans la politique étrangère, dont l'aide internationale, que dans les politiques sociales, économiques et environnementales du pays ?

Signataires : 

Nigel Martin, Yves Pétillon, Mario Renaud et Pierre Véronneau (anciens directeurs généraux du Conseil canadien pour la Coopération internationale (CCCI) ; du Centre d'études et de coopération Internationale (CECI) ; de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) et d'OXFAM-Québec)

Sources : Rapports des Nations unies ; journaux The Guardian, Financial Times, Le Devoir ; gouvernement du Canada