Un nombre d'arguments dans la chronique d'Yves Boisvert « Mr. Big frappe un mur » mettent en doute l'utilisation de la technique d'enquête sur les crimes majeurs (aussi connue sous le nom de « Mr. Big »).

Quoiqu'il soit bien d'établir un dialogue public sur le sujet, j'aimerais clarifier certains points concernant l'utilisation de cette technique par les forces de l'ordre canadiennes.

En tant que policiers, il nous incombe de remplir notre devoir de non seulement protéger la population, mais d'amener également les personnes responsables de crimes devant la justice et de les tenir imputables de leurs actions. Au cours de notre processus d'enquête, nous cherchons à découvrir la vérité et à amasser la preuve pour la présenter en cour. Nous vérifions les faits afin d'exclure ou de confirmer l'implication d'un suspect dans un crime. Dans plusieurs cas, l'utilisation de la technique d'enquête sur les crimes majeurs a permis d'exonérer des personnes soupçonnées de crimes qu'elles n'avaient pas commis.

L'utilisation de la technique d'enquête sur les crimes majeurs a considérablement évolué depuis 2008 dans le but d'atténuer les fausses confessions et de tenir devant son examen en cour.

Par exemple, nos enquêteurs doivent corroborer toute information reçue résultant de la technique avec d'autres éléments de preuve afin d'évaluer sa validité et son exactitude. De plus, cette dernière n'est qu'une des démarches effectuées au cours d'une enquête afin de nous assurer que nous avons identifié la personne responsable du crime enquêté.

En juillet 2014, la Cour suprême du Canada s'est prononcée sur le cas Hart. Ce jugement a confirmé que l'utilisation de méthodes d'infiltration par les policiers, jumelées avec d'autres outils d'enquête, demeure une technique efficace pour protéger la population, empêcher l'exécution de crimes sérieux et résoudre des délits historiques. Cette décision marquante était également une confirmation que les politiques strictes présentement en place et les paramètres opérationnels entourant l'utilisation de la technique d'enquête sur les crimes majeurs remplissent les normes sociétales et légales actuelles.

Le cas de Michel Laflamme, mentionné dans des articles récents, date d'il y a sept ans, à l'époque où la technique n'était pas aussi élaborée qu'aujourd'hui ni conforme aux niveaux de contrôle présentement en place. La GRC a utilisé cette technique environ 350 fois depuis sa création, ce qui nous a permis de raffiner considérablement notre approche au cours des années.

Tous les aspects du travail policier continuent d'évoluer afin d'être conformes avec les normes changeantes définies par la société et le système judiciaire, et la technique d'enquête sur les crimes majeurs ne fait pas exception. Nous continuerons d'utiliser cet outil policier important lorsqu'il est approprié de le faire, afin de nous aider à élucider des crimes et que justice soit faite pour les victimes et leurs familles.