Troisième province sur le plan de la démographie au pays avec plus de quatre millions et demi d'habitants, la Colombie-Britannique est depuis longtemps une province très divisée sur le plan politique. Au niveau fédéral, la carte électorale actuelle est une sorte de mosaïque dont les couleurs dominantes varient beaucoup d'une région à l'autre.

Dans la région de Vancouver et sur l'île de Vancouver, la carte électorale est vraiment multicolore. À l'élection de 2011 sur l'île de Vancouver, le NPD a fait élire trois députés, les conservateurs, deux, et le Parti vert, une, sa chef Elizabeth May, qui, dans la circonscription de Saanich-Gulf Islands, a réussi à vaincre le conservateur Gary Lunn, un ancien réformiste qui était en poste depuis 1997. Au même moment dans la région de Vancouver, le NPD a raflé cinq sièges, les conservateurs, quatre et les libéraux, deux. Au-delà de ces deux régions, dans le reste de la province, la carte électorale au lendemain de l'élection de 2011 restait dominée par la couleur bleue, avec 15 sièges pour les conservateurs et seulement quatre pour le NPD.

Ces remarques illustrent la diversité politique de la province, qui elle-même reflète d'importantes disparités géographiques et socioéconomiques. Il est fort à parier que ces disparités, qui font de la Colombie-Britannique une véritable mosaïque politique, affecteront encore une fois les résultats électoraux le 19 octobre prochain.

D'autres facteurs jouent aussi un rôle de premier plan dans la présente campagne, en commençant par la question de l'environnement, qui préoccupe de nombreux électeurs. Avec le Québec, la Colombie-Britannique est d'ailleurs l'une des provinces les plus actives sur le plan environnemental. En 2008, par exemple, la province s'est dotée d'une taxe sur le carbone. Comme le Québec, celle-ci produit beaucoup d'hydroélectricité.

Dans ce contexte, l'approche « tout pétrole » de Stephen Harper est rejetée par une bonne partie de l'électorat, qui est inquiète au sujet de certains projets d'oléoducs. D'autre part, le gaz naturel et l'industrie forestière jouent un rôle significatif dans l'économie de la province. Trouver un équilibre entre le développement économique et la protection environnementale est donc ici un enjeu crucial. Lors de l'élection provinciale de 2013, le NPD, grand favori d'après les sondages avant le début de la campagne, avait d'ailleurs perdu aux mains des libéraux, et ce, en partie en raison de sa priorisation apparente de l'environnement aux dépens du développement économique.

Un facteur qui semble moins central en Colombie-Britannique que dans d'autres provinces est la relation entre la situation politique provinciale et la campagne fédérale en cours.

En Ontario, la première ministre libérale, Kathleen Wynne, offre en ce moment un appui inconditionnel à Justin Trudeau dans l'espoir de défaire le parti de son ennemi juré, Stephen Harper. Rien de tel en Colombie-Britannique, où la première ministre libérale Christie Clarke ne semble pas vouloir s'immiscer dans la campagne fédérale. Parce que le parti libéral provincial est en fait une coalition anti-NPD qui regroupe autant de conservateurs que de libéraux, il lui serait difficile de soutenir ouvertement Justin Trudeau. De plus, la vie politique provinciale en Colombie-Britannique est stable, contrairement à celle de l'Alberta, qui a enregistré un séisme politique d'envergure plus tôt cette année avec la victoire du NDP de Rachel Notley.

Cette victoire dans la province voisine a toutefois favorisé une hausse du NPD fédéral dans les intentions de vote en Colombie-Britannique, où il se trouve encore en tête, juste devant les conservateurs et les libéraux, dans une véritable lutte à trois.

PHOTO SCOTT EELLS, ARCHIVES BLOOMBERG

À l’image de la majorité des autres provinces du pays, la Colombie-Britannique est une mosaïque politique, explique Daniel Béland.