Bonjour Monsieur le Ministre,Je me permets de vous écrire cette lettre, car je suis contrariée. Le début de cette année scolaire me contrarie. Et vous savez assurément pourquoi.

Mon année scolaire s'annonce insipide, ennuyante et culturellement morte. Mais surtout, oui surtout, elle s'annonce vide. Je ne vais pas vous faire un dessin : si elle s'annonce vide, c'est à cause des pressions syndicales. Mais détrompez-vous, je suis totalement d'accord avec les motivations de mes enseignants. Leur charge de travail est assurément trop élevée pour leur rémunération. Et si moi, simple élève de 5e secondaire, je peux m'en rendre compte, je ne comprends pas où est le problème.

Vous connaissez la phrase magique : « L'éducation est une priorité » ? Eh bien, je pense que vous ne dites pas les choses telles qu'elles sont, M. Blais. Si l'éducation était tant une priorité, nous, les élèves du Québec, ne nous serions pas fait prendre en otage par les syndicats afin que vous les écoutiez. Parce que c'est réellement ça ! Nous sommes les premiers touchés par cette mobilisation. Vous avez beau dire que non, il n'en reste pas moins que je suis convaincue que ces pressions vont avoir des répercussions sur mon année académique, sur moi et, j'imagine, sur tous les autres élèves des écoles publiques du Québec.

Ainsi, en raison des compressions, la bibliothèque scolaire est désormais ouverte seulement de 9 h 30 à 13 h 10. Mon enseignante de français trouve ça scandaleux... Et moi aussi, pour être franche.

Prenez aussi la grève prévue le 30 septembre prochain ; c'est du temps d'apprentissage que nous allons perdre. Je sais toutefois que c'est important et que c'est de cette façon que les enseignants vont se faire entendre. Mais nous ? Qui va nous entendre ?

Ce n'est pas tout. Entre autres, les activités parascolaires ont été annulées cette année. Le programme de tutorat - qui aidait réellement plusieurs élèves - a été supprimé, ainsi que le cross-country, la fête de la rentrée, les activités du midi, les visites au Salon du livre, au Musée des beaux-arts de Montréal, au Musée de la guerre à Ottawa, au Centre commémoratif de l'Holocauste à Montréal, un voyage à New York et un voyage de deux semaines au Pérou.

M. le ministre, en vous écrivant cette lettre, je doute fort de faire réellement une différence. À la limite, vous allez peut-être verser une petite larme sur le sort d'une élève qui ne va pas pouvoir aller au Pérou. Mais, au moins, j'aurai essayé.

Pour finir, je voulais seulement vous rappeler que dans l'équation, il n'y a pas seulement un syndicat, des enseignants, beaucoup de billets de banque et un peu d'orgueil. Il y a aussi des centaines de milliers de petites têtes qui ne demandent qu'à se faire éduquer convenablement. C'est, comme dirait mon père, seulement un petit rappel administratif.

Au fait, croyez-vous que nous aurons un bal des finissants ?