Tout ce qu'il manque dans cette campagne électorale, c'est un crédit d'impôt pour les contribuables ‎qui ne se sont pas encore fait promettre un crédit d'impôt.

La semaine dernière, alors que les chefs des trois principaux partis labouraient le sol ontarien à la recherche de votes, ils ont offert des mesures fiscales ciblées à qui mieux mieux.

Les enseignants, les entreprises novatrices, les Chevaliers de Colomb et les membres des autres clubs sociaux : il était facile de penser que tout le monde pourrait avoir son crédit d'impôt s'il votait « du bon bord » le 19 octobre. Ce n'est pas une nouvelle stratégie : dans le passé, les conservateurs de Stephen Harper se sont fait bien du bénéfice politique en offrant des crédits d'impôt aux pompiers volontaires et aux apprentis, entre autres.

Au-delà des grandes annonces économiques, le Parti conservateur, le NPD et le Parti libéral privilégient ce type de mesure fiscale pour amadouer les électeurs qui cherchent, avant tout, à améliorer leur propre sort.

Des gens pour qui la politique peut paraître abstraite, mais qui voient le bénéfice direct d'une telle promesse. C'est sans compter que de telles annonces donnent lieu à des « photo op » bien sentis, avec le chef entouré des bénéficiaires potentiels de sa promesse électorale, tout sourire.

Ce n'est pas une coïncidence si ce travail politique s'effectue en grande partie dans la région de Toronto et dans le sud de l'Ontario, où la majorité conservatrice sera mise à rude épreuve au cours des prochaines semaines. Ce sont les sièges qui sont les plus susceptibles de basculer vers un autre parti, et chaque chef y tente sa chance.

Bien des économistes vous diront qu'il serait plus bénéfique de simplifier le régime fiscal canadien, au lieu de créer de nouvelles exceptions pour telle et telle classe de travailleurs, de bénévoles ou d'entrepreneurs.

TOUCHER LES ÉLECTEURS

Mais dans des courses à trois, comme dans les banlieues de Toronto telle Mississauga, il faut toucher les électeurs directement pour grappiller un quelconque avantage sur ses adversaires.

Bien sûr, ce ne sont pas des annonces qui génèrent autant de couverture médiatique que, par exemple, la décision des libéraux d'engranger trois autres années de déficits pour paye‎r leurs promesses, dont la plus coûteuse serait de doubler les investissements fédéraux en infrastructure. Il y a ici des milliards en jeu, et non quelques dizaines de millions comme la plupart des promesses de crédits d'impôt.

Toutefois, ces petites annonces connaissent une longue vie sur les médias sociaux. Prenons la promesse de Justin Trudeau la semaine dernière de permettre aux enseignants d'obtenir une déduction fiscale pour le matériel scolaire qu'ils doivent acheter chaque année, ou celle de Stephen Harper de permettre aux membres des Chevaliers de Colomb, des clubs Kiwanis ou Optimistes d'obtenir un reçu d'impôt pour les frais annuels de membre.

Vous pouvez parier que ‎sur Facebook, bien de ces gens ont partagé la nouvelle avec les membres de leur famille, mais aussi avec leurs collègues ou les membres de leurs clubs respectifs. Des telles annonces circulent rapidement au sein des communautés visées, mais aussi sur une longue période, au fur et à mesure que les gens en prennent conscience.

Gagner en Ontario est au coeur de cette stratégie : Stephen Harper a fait son annonce dans l'est ontarien, Thomas Mulcair était à London, dans le sud ontarien, pour promettre une aide aux entrepreneurs novateurs et Justin Trudeau était à Newmarket, au nord de Toronto.

Ce genre de promesse ne touche pas la majorité des électeurs, mais pourrait faire pencher la balance dans ces circonscriptions chaudement disputées le mois prochain.