Jour après jour, nous lisons ou entendons parler de jeunes radicalisés qui adoptent une idéologie extrémiste. Les événements ont fait la démonstration que notre pays n'est pas immunisé contre la contagion. Les attaques qui ont tué deux soldats canadiens l'an dernier ont montré clairement notre vulnérabilité.

Ces actes terroristes ont aussi montré que nous avons eu de la « chance », parce qu'aucun des deux attaquants n'avait planifié infliger des pertes humaines de grande envergure.

Ils contrastaient avec ceux qui projetaient de faire dérailler un train de VIA Rail ou ceux qui rêvaient de faire exploser des marmites à pression sur les lieux de la magistrature de la Colombie-Britannique. Si un de ces rêves terroristes était devenu réalité, le Canada aurait subi son propre 11-Septembre.

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Mais pourquoi la prévention de la radicalisation n'a-t-elle pas exigé plus de discussion dans les plus hautes sphères de notre discours public ?

Le Centre montréalais de prévention de la radicalisation menant à la violence, qui ouvre en septembre, est une excellente initiative locale et pave la voie à davantage d'action. Toutefois, entre temps, la plus grande partie de l'attention contre la radicalisation au fédéral et presque toutes les ressources budgétisées sont plutôt dépensées pour l'application de la loi.

Renforcer les agences de sécurité dans le sillage du terrorisme demeure la réaction traditionnelle des politiciens. Une telle politique peut facilement se comprendre et nul ne peut en contester la nécessité. Toutefois, en s'occupant seulement de la fin de la course, les forces d'application de la loi pourchassent le cheval longtemps après que la porte de la grange ait été démolie.

Depuis sa création, Info-Secte cherche à comprendre ce qui motive les personnes radicalisées. L'organisme a eu pour stratégie de comprendre la trajectoire psychologique du « vrai croyant » et de promouvoir la prévention par l'intervention.

Les événements prouvent clairement que nous avons besoin, au Canada, de ressources substantielles qui visent la base de l'attrait extrémiste.

La lutte contre la radicalisation requiert un effort majeur pour comprendre pourquoi les personnes réceptives succombent au message extrémiste et de porter attention aux familles de ces personnes.

Les membres des familles sont ceux qui risquent le plus de remarquer des situations à risque. Comme le prouvent les événements récents au Québec, la prévention peut naître d'avertissements de parents ou de proches. Ce ne sont pas toutes les familles, toutefois, qui sont disposées à alerter la police. Nous devrions donc faciliter leur communication avec des agences non reliées aux forces d'application de la loi.

L'internet est la clé du champ de bataille. Les programmes anti-radicalisation dans les médias sociaux devraient être quadruplés. 

Le défi premier est d'analyser systématiquement les tactiques utilisées par les différents groupes terroristes. La tâche subséquente est d'inciter l'auditoire ciblé à s'interroger sur la propagande qu'on leur envoie. Il faut engager les jeunes de cette façon et présenter des gens qualifiés avec lesquels ils peuvent interagir.

Sur le plan national, nous semblons réagir dans la précipitation. Le problème est que nous courons peut-être plus vite que nous devrions pour être en mesure de décider des meilleures façons de procéder.

Nous lisons que des aspirants djihadistes vont outre-mer ou sont persona non grata dans les aéroports, mais nous ne pouvons en connaître le nombre qui rôde parmi nous. Qui peut savoir combien d'adolescents influençables lisent aujourd'hui des manuels sur la fabrication des bombes sur l'internet, et écoutent des démagogues déments les incitant au massacre ?

La campagne électorale est l'occasion pour tous les partis de faire connaître leurs plans pour prévenir la radicalisation des jeunes Canadiens.