Campagne électorale oblige, je suis allé sur le site internet des principaux partis fédéraux pour consulter leur plateforme électorale au sujet des sciences et technologies. Hormis quelques énoncés très vagues sur le développement des technologies vertes, je n'y ai rien trouvé qui révèle une réflexion, même superficielle, sur le sujet.

Le Canada compte moins de 0,5 % de la population mondiale. Pourtant, nos scientifiques produisent 4,1 % des articles scientifiques. Nous sommes au 6e rang mondial pour l'impact scientifique des articles produits. L'impact de la recherche clinique canadienne est particulièrement impressionnant, occupant le troisième rang mondial avec la production de plus de 6 % des publications les plus citées dans le monde.

Ces performances pour le moins remarquables de la recherche canadienne ont été réalisées malgré une réduction massive et soutenue du financement de la recherche. Le Canada était au 16e rang mondial pour ses dépenses en science et technologie en 2012 par rapport au produit intérieur brut (1,73 % du PIB), très loin derrière Israël (3,93 %), la Finlande (3,55 %), la Suède (3,41 %), ou même les États-Unis (2,79 %). Nos dépenses en science et technologie par rapport à notre PIB ont décliné de manière soutenue depuis 2001 (alors à 2,09 % de notre PIB). De 2010 à 2012, 36 des 66 pays pour lesquels ces statistiques sont disponibles ont augmenté leurs dépenses, incluant 10 des 15 meilleurs pays investisseurs en recherche.

La diminution progressive des investissements en recherche est difficilement explicable et déroutante à la vue des performances de nos scientifiques sur le plan international par rapport à leur niveau de financement.

Comment une société qui se réclame du savoir et qui réussit pourtant si bien en recherche en est-elle venue à choisir un tel désinvestissement ?

La réponse n'est pas simple. Cependant, force est d'admettre que nous manquons d'opportunisme dans ce domaine. Avec cette situation canadienne déplorable en filigrane, il est inquiétant de voir avec quelle précipitation le gouvernement québécois procède à des coupes dans ses universités et dans des programmes de soutien aux partenariats de recherche entre les institutions académiques et le secteur privé.

Le processus d'évaluation des chercheurs, des institutions et de leur financement est très rigoureux et répété au minimum tous les trois à cinq ans. L'accès au financement est si restreint, avec un taux de succès de moins de 20 % dans la plupart des concours, que seuls les chercheurs les plus brillants et productifs peuvent survivre plus de cinq ans dans notre système. La carrière de chercheur devient de moins en moins attrayante pour les médecins et autres professionnels de la santé qui sont les plus susceptibles de contribuer à un transfert rapide des nouvelles connaissances vers les patients. Et les femmes, cela est bien documenté, sont peu enclines à choisir une carrière si hostile à leurs valeurs familiales. Malgré un taux de succès équivalent aux différentes compétitions, le taux d'abandon de la carrière de chercheur est d'ailleurs plus grand chez les femmes au Québec. Notre relève est actuellement inquiète et démoralisée, avec raison.

Puisque nous avons encore des atouts indéniables en recherche et développement, il est grand temps que nos politiciens portent attention aux enjeux propres au développement des sciences et technologies. Il faut regarder les modèles offerts par des pays comme la Suède, un pays qui ose investir davantage et se doter de politiques maximisant le développement et le transfert des connaissances scientifiques. Non seulement pourrons-nous alors bénéficier pleinement de retombées humaines et économiques essentielles à notre développement, mais notre jeunesse aura de nouveau les moyens de prendre pleinement la place qui lui revient dans la belle et grande aventure de la découverte scientifique.