À l'étonnement de plusieurs qui croyaient encore au royaume vertueux du « Bon Jack », le NPD fédéral a récemment lancé une offensive publicitaire acerbe qui s'attaque au Parti conservateur.

La vidéo fait défiler des figures conservatrices accusées de fraude ou liées à des scandales et accuse le parti de Stephen Harper de ne pas avoir fait le ménage dans la corruption. L'offensive néo-démocrate frappe très fort. « Globalement, c'est très agressif, c'est très méchant. Il ne faut pas avoir peur des mots. C'est très acide. Ça va tacher », croit Normand Bourgault, du département des sciences administratives de l'Université du Québec en Outaouais (Radio-Canada).

Dénigrer son adversaire et pratiquer la culpabilité par association semblaient plutôt le lot des autres partis. Le président du caucus NPD québécois d'alors, Guy Caron, affirmait en effet en 2012 que les tactiques conservatrices qui dénigraient le cabinet fantôme de son parti n'étaient rien moins que « puériles » et qu'il s'agissait de « méthodes qui ne sont pas très différentes de ce qu'on peut voir au niveau des écoles pour l'intimidation », et que « ce n'est pas [la manière du NPD] de faire de la politique » (Bruno Maltais, Radio-Canada, 10 juillet 2012).

Interrogé sur cette offensive de son parti, le candidat néo-démocrate Marotte dans Saint-Jean (Radio-Canada) n'y voit pourtant aujourd'hui rien de négatif ; celle-ci n'avancerait que des faits. C'est ici la même classique réponse que celle des républicains américains à ceux qui qualifient leurs publicités de négatives ! Il faut voir le malaise dans le traitement de cette offensive du NPD par des journaux qui lui sont généralement favorables.

Ce n'est pourtant pas la première fois que ce réputé parti vertueux s'abaisse à des publicités virulentes.

En 2011 et 2012, le parti y était allé d'une publicité agressive contre les bleus et l'abolition du registre des armes à feu. Il fallait la candeur de l'ex-député démocrate Yvon Godin pour dire les choses franchement : « C'est de même que M. Harper veut faire ses campagnes, des fois, il faut se battre avec les mêmes outils » (Stéphanie Marin, La Presse Canadienne, 28 novembre 2011).

Serait-ce le retour de la méthode du ministre libéral Mulcair, méthode où les scrupules, selon Michel David, ne joueraient pas le plus grand rôle (Le Devoir, 5 mai 2005) ? Se pourrait-il que ce nouveau parti démocratique n'ait de neuf que le nom ? L'électeur éclairé n'aime pas le monde perfide de l'insinuation et des amalgames. Il aime encore moins l'hypocrisie, un « vice qui dans l'État est bien plus dangereux que tous les autres » (Molière, préface au Tartuffe).