Au cours de l'été 1990, les Québécois et les Premières Nations, en particulier la nation mohawk, ont connu un des pires conflits territoriaux de notre histoire contemporaine commune. Il y a eu mort d'homme, confrontation armée pendant 78 jours, il y a eu les Warriors, la Sûreté du Québec et l'Armée canadienne, tout cela engendrant la violence et parfois la haine qui s'est déroulé en direct sur les écrans de télévision pendant tout l'été.

Une société qui vit une crise de cette ampleur devrait en retenir des leçons et prendre les mesures nécessaires pour ne plus jamais vivre des événements aussi destructeurs. Mais je dirais que cette réflexion essentielle sur les relations avec les Premières Nations n'a jamais été complétée et je le déplore.

À l'égard des revendications territoriales et du respect des traités historiques, au cours de l'été 1990, l'opinion publique québécoise est passée de l'indifférence à la peur, pour retomber dans l'indifférence. Les gouvernements fédéral et provincial, quant à eux, sont passés de la négligence à la peur, pour retomber dans la négligence.

Cette négligence gouvernementale entraîne le retard de centaines de dossiers, qui entraîne à son tour autant de frustrations pour nos peuples et autant d'obstacles à un développement harmonieux et profitable pour tous.

Les gouvernements fédéral et provincial sont responsables de cette négligence et de ses graves conséquences. Ils doivent en rendre compte non seulement aux Premières Nations, mais aussi à l'ensemble de la population, et prendre des actions concrètes pour réparer les dégâts dont ils sont responsables.

Les Premières Nations font des efforts constants pour bien expliquer à la population ce qui est au coeur de leurs enjeux. Il faut que tous y prêtent attention si on veut connaître un réel progrès dans nos relations.

Il faut surmonter l'ignorance qui explique en grande partie l'indifférence et l'hostilité. Les gouvernements fédéral et provincial, représentants de la Couronne qui est le seul interlocuteur légitime des Premières Nations, ont le devoir d'expliquer clairement à leurs populations cette responsabilité qui est la leur, le devoir d'expliquer que les droits ancestraux et issus de traités des Premières Nations sont fondés, légitimes et raisonnables et que leur règlement serait favorable au développement de l'économie, un plus pour tous.

La commémoration du drame qui s'est déroulé à l'été 1990 impose ce devoir de clarté aux gouvernements fédéral et provincial. Ils doivent enfin trouver le courage d'assumer cette responsabilité fondamentale pour quiconque représente la Couronne. Je les incite aujourd'hui à le faire et j'en garde l'espoir, en mémoire de tous ceux et celles qui ont souffert au cours de cet été 1990, quand la nation mohawk a dû prendre les armes pour faire valoir ses droits.