L'auteure réagit à l'article de Louise Leduc « L'État n'a pas à nourrir nos enfants », publié le 25 juinEst-ce que l'État doit nourrir nos enfants ? Même si cette question ainsi posée est réductrice, j'affirme que c'est le rôle de l'État de s'assurer que les plus démunis aient une assiette pleine à chaque repas.

C'est pour atteindre cet objectif que l'État sous-traite cette responsabilité à des organismes communautaires qui ne pourraient s'acquitter de cette tâche sans le soutien de donateurs et de bénévoles.

Parce que les institutions de l'État ne peuvent pas livrer de tels services, il finance des organismes communautaires qui accompagnent, épaulent et répondent aux besoins des personnes selon leurs besoins. Heureusement, ces organismes ne font pas que nourrir des enfants. Malgré la réduction de leur financement, ils dépassent leur mandat et offrent aux personnes vulnérables un accompagnement de qualité pour les aider à sortir du cycle de la dépendance.

Cette année, dans notre maison d'hébergement, une femme est arrivée avec trois enfants qui avaient des conséquences physiques dues au fait qu'ils ne mangeaient pas suffisamment à la maison. Nous n'avons pas seulement rempli leur assiette, nous avons travaillé la gestion du budget, l'accès à un logement correspondant à leurs besoins avec un loyer raisonnable, orienté la famille vers des banques alimentaires et mis en place, avec les partenaires autour d'eux (l'école, le CLSC...), un filet de sécurité afin que maman puisse nourrir ses enfants.

En tant que directrice, je rends des comptes au gouvernement et à la communauté et les portes de notre maison d'hébergement sont grandes ouvertes. Je respecte les acquis obtenus par le Dr Julien. La réponse à travers ce magnifique programme qu'est la pédiatrie sociale donne des résultats qui méritent que le gouvernement y investisse 22 millions. Je suis aussi convaincue que la reddition de compte sera à la hauteur.

Je vous invite, Dr Julien, à venir remplir les assiettes des 20 femmes et 23 enfants de 0 à 18 ans avec qui nous partageons notre table quotidiennement. Vous constaterez que dans plusieurs cas, nous faisons appel aux services de la Clinique de pédiatrie sociale du quartier parce que c'est ensemble que nous sommes forts. Déjà largement fragilisés par le sous-financement, nous ne pouvons nous permettre la cannibalisation.