Extrait d'un discours prononcé hier soir à Montréal devant les membres de l'Association du Barreau canadien, division Québec.Les gens, la géographie, les ressources et les facteurs économiques fondamentaux, voilà ce qui constitue l'avantage canadien.

Notre plus grand défi est l'incertitude. Les projets du secteur des ressources nécessitent d'importants capitaux et s'échelonnent sur de très nombreuses années.

Mais ces projets ne peuvent se réaliser s'ils sont tributaires de processus et d'examens interminables. La politique publique a un rôle crucial à jouer pour réduire cette incertitude et promouvoir le secteur canadien des ressources sur les marchés émergents.

Bien sûr, nous devons nous doter de politiques environnementales sensées, parce les Canadiens sont, avec raison, fiers de leurs milieux naturels. Mon gouvernement a été applaudi pour les mesures qu'il a adoptées en matière d'environnement, un facteur qui était primordial dans tous nos projets. J'ai eu l'insigne honneur d'être nommé le premier ministre canadien le plus vert de l'histoire par des groupes environnementaux de premier plan. Mais nous étions aussi toujours conscients de la nécessité d'assurer l'équilibre entre le développement durable et la croissance.

En termes simples, nous ne pouvons pas commercialiser nos ressources à l'échelle mondiale si nous ne sommes pas dotés des infrastructures - politiques et industrielles -pour les acheminer sur le marché.

C'est précisément pour cette raison que nous avons besoin d'un engagement national ferme afin de construire les infrastructures et les pipelines qui nous permettront de livrer nos abondantes ressources naturelles - notre avantage comparatif le plus important - sur les marchés mondiaux, notamment sur les marchés dynamiques de l'Asie, qui enregistrent la majeure partie de la croissance mondiale.

Nous avons besoin de pipelines pour transporter notre pétrole brut sur la côte Ouest et la côte Est et, de là, sur les marchés asiatiques. L'ensemble du secteur de l'énergie et des ressources stagnera si les principaux acteurs et parties intéressées ne s'entendent pas.

Et qui sont-ils ? Les Premières Nations. Les provinces touchées qui contrôlent les ressources. Les gardiens de l'environnement. Sans leur participation active et leur collaboration enthousiaste, nos ressources naturelles demeureront inexploitées.

Un engagement national vigoureux pour mettre en valeur ces ressources et construire les infrastructures nécessaires doit s'accompagner de trois mesures essentielles : 

1 - un partenariat fondé sur des principes avec les Premières Nations et les provinces qui fait abstraction des doléances économiques du passé - pour le moment - afin de saisir les occasions de l'avenir ;

2 - un plan réaliste, où les nouvelles technologies serviront d'abord et avant tout à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Je dis délibérément « réaliste », parce que, même si le Canada peut et devrait clairement en faire plus, notre responsabilité à l'égard de ce problème planétaire est relativement faible. Toutefois, nous pouvons et nous devons contribuer à résoudre ce problème ; 

3 - un plan cohérent nous permettant de nous assurer que nous formons les gens pour tirer profit du potentiel de nos ressources.

Le Canada est une fédération dynamique. Nous ne sommes pas un État unitaire. Le gouvernement du Canada ne peut pas agir unilatéralement pour régler ce problème. Le gouvernement fédéral doit instaurer sans tarder des mécanismes de coopération avec toutes les parties intéressées pour s'assurer d'aller de l'avant dans l'intérêt du pays.

Imaginez seulement quel serait l'effet historique à l'échelle nationale du projet dont j'ai parlé ce soir. Il ferait du Canada l'un des pays les plus riches et les plus influents du monde et renforcerait considérablement sa souveraineté et notre capacité à exercer un leadership sain et efficace dans le monde.

La mise en valeur des ressources énergétiques et naturelles du Canada attirerait des centaines de milliards de dollars en nouveaux investissements, créerait des millions de nouveaux emplois et rapprocherait l'Ouest et l'Est, en plus de transformer le pays et de lui être plus bénéfique que n'importe quelle initiative politique d'importance mise de l'avant au Canada depuis les 70 dernières années.

Le principal ingrédient pour réaliser ce grand projet est cependant le leadership. Le leadership qui ne se contente pas de prévoir le besoin de changement, mais qui est décidé à mettre en oeuvre le changement. Non pas le leadership qui cherche à maintenir sa popularité, mais celui qui cherche à répondre aux intérêts du pays.