Dans le débat sur la tenue vestimentaire des employés de l'État, les candidats à la direction du Parti québécois estiment que les enseignants ont des pouvoirs semblables à ceux des juges et des gardiens de prison ! Comme j'ai longtemps exercé ce métier, j'en suis vraiment éberluée... Je peux vous assurer qu'ils ne détiennent pas de pouvoir de coercition sur les élèves, en tout cas, pas dans nos écoles. Vous pouvez aller le constater vous-même si vous ne me croyez pas !

Mais des enseignants sont susceptibles d'être des adultes significatifs pour des élèves. Par exemple, quand les femmes n'étaient pas présentes à l'Assemblée nationale, n'avons-nous pas mis tout en oeuvre pour encourager leur participation ? Ainsi, la diversité de notre société doit être reflétée par le personnel des écoles : celui-ci ne doit pas être uniforme.

Les enseignants sont, entre autres, des interprètes culturels ; ce rôle est majeur à l'égard des nouveaux arrivants. Il est très important que les enseignants, surtout en francisation, apprennent à ces nouveaux arrivants à vivre dans une société diversifiée, puisqu'un bon nombre d'entre eux viennent de pays où il y a peu de diversité culturelle.

D'autre part, établissons d'emblée que tout prosélytisme, pour une religion ou contre les religions, doit être absolument banni.

Mais comment se sentirait l'élève qui appartient à une famille religieuse si tout signe religieux est éliminé de l'école ?

Comment l'enfant issu d'une famille non religieuse pourrait-il développer l'ouverture à l'autre si tous les enseignants sont obligés de gommer leur « différence » ?

En particulier, l'élève musulman, juif ou sikh serait privé de modèle dans son école. Aussi, ses parents, souvent immigrants, s'y sentiraient au mieux étrangers ou exclus ; ils hésiteraient probablement à aller rencontrer le personnel de l'école... Or, cette dernière devrait être le meilleur agent d'intégration : des enfants de toutes origines, cultures, religions et non-religions la fréquentent, donc elle est le lieu par excellence de rencontres entre leurs parents. Les directions scolaires doivent en faciliter l'accès aux parents des minorités ethnoculturelles et même inciter ceux-ci à participer à la vie de l'école.

« La diversité sociale devait être reflétée dans les écoles. » Vous reconnaissez peut-être une citation de Mme Marois, alors ministre de l'Éducation. Elle avait alors signé une politique d'intégration scolaire affirmant que « la crédibilité du discours sur l'ouverture à la diversité ethnoculturelle et religieuse s'appuie en bonne partie sur la visibilité de cette diversité parmi le personnel scolaire » ; que « la diversité ethnoculturelle, linguistique et religieuse imprègne la société québécoise et a droit d'expression » et que « le simple port du hijab ne peut être interdit dans les écoles québécoises ».