Lettre ouverte à Martin Murray, maire de Saint-Bruno-de-Montarville.Monsieur le maire,

La semaine dernière, nous avons choisi une femelle pitbull d'un an et demi au refuge pour les chiens à la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal, à Saint-Hyacinthe. Mais on nous y a appris que Saint-Bruno n'acceptait pas cette race de chien sur son territoire.

Le dernier chien que nous avons eu pendant six ans était Rocky, un berger allemand, race dangereuse s'il en est. Il avait dix ans lorsque nous l'avons fait euthanasier à Saint-Hyacinthe, Vendredi saint dernier. Son train arrière ne lui obéissait plus.

Notre premier chien, ici à Saint-Bruno, était un grand danois, Duc, qui mesurait 37 pouces au garrot. Le suivant, plus gros encore, était un lévrier irlandais, Wolf, qui mesurait 40 pouces au garrot et pesait un peu moins de 200 livres. 

Pendant quelques siècles, le lévrier irlandais était interdit d'exportation de l'Irlande, car il était essentiel au contrôle de la population des loups dans ce pays. Un tant soit peu dangereux, donc.

Nous avons aussi eu Mutt, un mélange de berger anglais et de labrador. Bref, beaucoup de chiens en principe dangereux, mais avec lesquels nous n'avons vécu aucun incident fâcheux. Pour quiconque connaît les chiens, la meute est cruciale, et si le maître humain n'assume pas le rôle de l'alpha, il pourra être tentant pour le chien de le faire. Chez nous, mon épouse et moi sommes l'alpha et tous nos chiens l'ont toujours compris.

Il est exagéré d'interdire des races parce que des gens en ont formé quelques-uns à être dangereux pour les humains et autres animaux.

S'il est vrai que des pitbulls, rottweilers, dogues allemands et dobermans ont été les favoris d'imbéciles et de bandits, cela ne saurait faire de tous les membres de ces races des animaux à éviter.

Il faut savoir que n'importe quelle sorte de chien, voire d'animal, peut être éduquée à l'attaque. C'est un processus très long et difficile. Les bergers, par exemple, forment des chiens pour la protection de leurs troupeaux. Mais pas juste des chiens, puisqu'ils forment aussi des ânes ou des lamas pour la même tâche. Et ici, la technique est simple. Un jeune animal est élevé par des brebis, par exemple. Comme la notion de meute est passablement universelle, les animaux ainsi élevés avec ceux d'une autre espèce en seront solidaires toute leur vie durant. Et, en ayant les capacités, ils défendront leurs frères et soeurs d'adoption.

Si on appliquait le même raisonnement aux humains, à la suite des folies commises par Marc Lépine, à Polytechnique, et Denis Lortie, à l'Assemblée nationale, les Canadiens français devraient être interdits de séjour à l'étranger. J'en conviens d'emblée, ça ne serait pas brillant.

Je vous invite donc, monsieur Murray, de même que les conseillers municipaux, à revoir cette liste pour la remplacer par la notion de « bon père de famille ». Ce principe rester, longtemps je l'espère, la fondation des rapports entre humains, et dans le cas qui nous occupe, entre les humains et les animaux.