Pour protéger nos droits et pouvoir négocier équitablement nos salaires, nous avons le droit de nous syndiquer. Oui, mais... ce droit, l'avons-nous vraiment ?

Le droit d'association est reconnu et encadré par le Code du travail. Légalement, un employeur ne peut exercer ni menaces ni représailles contre ses employés lorsqu'ils manifestent le désir de se syndiquer. Du moins, c'est la théorie. La réalité est toute autre.

Chez les franchisés et les grandes chaînes, la syndicalisation y est crainte comme la gangrène. On y applique d'ailleurs le même remède : l'amputation du membre malade. On ferme le magasin en voie de syndicalisation pour éviter que le mal ne se propage aux autres magasins. C'est illégal, et ça finit par coûter cher en frais juridiques. Mais ça envoie un message clair : nous sommes prêts à dépenser des sommes colossales pour éviter votre syndicat.

Êtes-vous prêts à vous embarquer dans un combat d'une décennie ? Si la réponse est non, réfléchissez à deux fois avant d'exercer vos droits. Dans les cas de Walmart et de Couche-Tard, la cour a donné raison aux syndiqués... après 10 ans de bataille juridique. L'instigateur du syndicat de Walmart n'a jamais retrouvé d'emploi. Il a la réputation d'un fauteur de trouble pour avoir exercé un droit garanti par le Code du travail.

Ne trouvez-vous pas cela problématique quand c'est le vainqueur qui est pointé en exemple par le vaincu pour dissuader ses adversaires ?

Remarquez, on ne peut interdire à un entrepreneur de fermer un magasin déficitaire. Comment faire alors pour protéger le droit à la syndicalisation tout en respectant les droits de l'entrepreneur ? La solution est toute simple : si une franchise ou un magasin ferme ses portes dans les cinq années suivant le processus de syndicalisation, cette fermeture déclencherait automatiquement un vote de syndicalisation pour l'ensemble de la franchise ou de la compagnie durant l'année suivante. M'est d'avis que cela réduirait les coïncidences qui poussent aux fermetures....

SANTÉ ET TRAVAIL

La gratuité des soins de santé est un principe fondamental dans notre société. Oui, mais... l'est-il vraiment ? Pour recevoir des soins, encore faut-il avoir les moyens de s'absenter du travail pour aller voir un médecin. Aussi aberrant que cela paraisse, les congés de maladie sont à la discrétion de l'employeur. Il semblerait que pour certains employés, ce ne soit pas nécessaire. Peut-être nos pauvres ne tombent-ils pas malades ? Ou peut-être que leur santé n'a pas la même importance que celle des autres ? On finit en fin de compte par payer cher pour ces problèmes de santé non (ou mal) traités. Il serait facile de pallier ce problème en imposant un nombre minimum de congés de maladie payés. Ajustons-le au prorata des heures travaillées. Si cela vous semble un luxe, demandez-vous comment vous réagiriez si votre employeur vous retirait vos congés de maladie...

Enfin, pour éviter l'exploitation, les Québécois ont droit à un salaire minimum. Oui, mais... y ont-ils vraiment droit ? Il faut se rappeler que le salaire minimum est considéré comme le plancher absolu en matière de rémunération. Or, il n'est pas indexé au coût de la vie. Le résultat est que ce minimum diminue donc constamment d'année en année. Malgré les montées aux barricades des syndicats patronaux, les dernières « hausses » du salaire minimum n'ont fait que le ramener au niveau du début des années 2000... après une décennie de retard. Il serait bien plus simple de l'indexer au coût de la vie. Comme ça, le minimum reste un plancher, pas un plafond.

Un droit qui ne peut être exercé en pratique n'est pas un droit ; c'est un souhait.