La Santé est malade; il faut la soigner. La maladie est sérieuse, chronique et structurelle. Elle est devenue systémique.

De nombreux groupes d'intérêts tentent de résister au traitement et souhaitent faire dérailler cette réforme nécessaire. Seul un ministre de la Santé extrêmement fort, énergique, compétent, déterminé et bien informé pourra réussir à changer un système devenu dysfonctionnel et à en corriger le tir.

La majorité des médecins omnipraticiens et des spécialistes exercent bien leur profession à l'intérieur des moyens mis à leur disposition. Il est cependant indiscutable et évident qu'un nombre trop élevé d'entre eux ne remplissent pas leur devoir de médecin. La médecine est une profession éminemment sociale, dévouée uniquement au bien-être des malades.

Pour certains, la médecine semble cependant en voie de devenir plutôt une profession commerciale où le confort et la qualité de vie du médecin priment. Ceux-là n'auraient jamais dû devenir médecins. Cette minorité est en partie responsable du dépôt des projets de loi 10 et surtout 20. La société a peut-être changé, mais les besoins des patients sont demeurés les mêmes.

Jamais je n'aurais cru qu'un jour un gouvernement serait obligé de recourir à des mesures draconiennes, sûrement difficiles à mettre en oeuvre, mais qui devront néanmoins être appliquées rigoureusement. Ce que le gouvernement exige est loin d'être excessif. Un vrai médecin qui respecte une profession consacrée aux soins des malades doit être actif et présent. Beaucoup le sont. Pourquoi pas tous?

Les médecins jouissent de conditions de travail privilégiées, accompagnées de revenus très supérieurs à la moyenne. Ils ont une grande liberté d'action. En découlent des obligations proportionnelles. Les syndicats médicaux, qui ont toujours réussi dans le passé à forcer la main de tous les gouvernements, doivent s'interroger sur leur conduite. Ils ont le devoir de collaborer à la mise à niveau d'un système de santé qui doit être juste pour tous et orienté vers une vraie qualité des soins aux malades. Quoi faire pour assurer la pérennité de ce système?

Des solutions

D'abord restructurer ses composantes en facilitant les prises de décision. C'est le but du projet de loi 10. Si elle comporte des imprécisions et des oublis, il est impératif de les corriger rapidement. Le gouvernement devra aussi, dans la mesure de ses moyens financiers, contribuer à faciliter le travail des médecins.

Je formule également les suggestions suivantes, pertinentes pour l'avenir, visant à rendre le système plus performant.

Premièrement, établir un ticket modérateur comme il en existe dans les pays les plus développés. La gratuité totale est une erreur. En fait, elle coûte très cher en encourageant la surconsommation.

Deuxièmement, accepter la mise en place d'un véritable système privé parallèle, en permettant l'ouverture d'hôpitaux privés et en appliquant intégralement le jugement de la Cour suprême du Canada dans la cause Chaoulli, jugement qui autorise les gens à s'assurer pour la prestation des services médicaux couverts par le régime public. Une concurrence entre le privé et le public serait bénéfique.

Ensuite, revoir les modalités de financement du système qui sont devenues désuètes. Présentement, le système est financé principalement par à peu près 30% de la population. Ce sera bientôt un fardeau insupportable qui ne doit pas se perpétuer.

Il faudra également se pencher sérieusement sur la sélection des futurs médecins. Si l'on veut des médecins humains et dévoués, tout en étant compétents et possédant une conscience professionnelle à toute épreuve, il faut cesser de n'accepter principalement que des premiers de classe. Ce mode de sélection prive la population d'excellents candidats.

Enfin, il faudra aussi revoir les modalités de rémunération des médecins et favoriser les mesures qui sont susceptibles d'accroître leur productivité. Il deviendrait alors possible d'éliminer progressivement les contraintes imposées actuellement, tout en s'assurant de l'accessibilité de tous les services médicaux partout, en tout temps.

Dr Barrette, vous avez toute ma confiance et mon admiration pour entreprendre une telle réforme. Vous méritez notre respect, ne serait-ce que pour votre décision de relever ce défi.