Vendredi dernier, l'Association facultaire étudiante de science politique et de droit (AFESPED) s'est dissoute. 52% de ses membres se sont prononcés contre sa représentativité.

Cela a de quoi surprendre. En effet, comment un tel pilier du militantisme étudiant a-t-il pu être ainsi répudié?

En vérité, si l'AFESPED a implosé, c'est parce que ses membres sont devenus excédés des abus de pouvoir répétés de ses dirigeants, qui ont fait primer leurs idéaux sur les intérêts des étudiants qu'ils sont pourtant censés représenter. La direction de l'UQAM se déclarait jusqu'alors impuissante à agir pour corriger la situation, jugeant que tout problème devait être réglé à l'intérieur même de l'association. En situation de grève, même les recours judiciaires se sont avérés inefficaces: en 2012, les injonctions interlocutoires accordées n'ont jamais pu être respectées.

Désabusée, une majorité d'étudiants a préféré déserter les assemblées générales, qui sont pourtant censées être les instances suprêmes. C'est peut-être regrettable; mais comment ne pas être cynique lorsqu'un petit groupe refuse une proposition de hausser un quorum (la proportion d'étudiants nécessaires pour voter une grève) ridiculement bas? Comment croire à la démocratie étudiante lorsque ce même groupe refuse la tenue de votes électroniques qui accommoderaient les étudiants aux horaires irréguliers, particulièrement présents à l'UQAM, et qui n'ont donc pas le luxe d'assister à des assemblées récurrentes de plus de cinq heures? Comment espérer changer les choses lorsqu'en cas d'assemblée défavorable, d'autres assemblées seront de toute façon organisées par les dirigeants de l'association, jusqu'à ce que des décisions conformes à leur idéologie soient adoptées?

Dans les circonstances, il n'est pas étonnant que les assemblées soient peu fréquentées. Le taux de participation avoisinait en effet les 5 à 10%, et pouvait monter à 30% pour des questions considérées plus importantes, comme des débrayages. En fait, ironiquement, l'AFESPED n'aura jamais suscité autant de participation que pour prononcer sa dissolution: elle a alors connu un taux record de près de 60%.

Le pouvoir dévolu aux associations étudiantes est très difficilement contestable. Cependant, la décision récente a changé les règles du jeu. Le désaveu de l'AFESPED envoie un message clair aux associations étudiantes du Québec: il leur rappelle que leur pouvoir n'est pas absolu et que si elles s'entêtent à suivre les idéaux de leurs dirigeants, au détriment de ceux de leurs membres, elles s'exposent à ce genre de recours.

Cela ne signifie pas la fin du militantisme. Cependant, on peut s'attendre à ce que la mobilisation sociale ne soit plus instrumentalisée par les têtes dirigeantes des associations et qu'à défaut, des voix s'élèveront pour s'y opposer.