Dès ce samedi, alors que se tiendra une manifestation populaire dans les rues de Montréal, nous serons plus de 37 000 étudiants et étudiantes en grève. Au cours des prochaines semaines, ce sont plus de 110 000 membres d'associations étudiantes, aux quatre coins de la province, qui seront consultés au sujet de cette grève.

Souvent, on nous demande pourquoi nous, les étudiants et les étudiantes, nous nous mobilisons contre les mesures d'austérité. Pour nous, la réponse semble claire: le gouvernement tente, par ses compressions répétées, de mettre l'entièreté de nos services publics en crise permanente. L'objectif final de ce gouvernement est qu'on se tourne davantage vers le secteur privé et d'instaurer un modèle d'«utilisateur-payeur» au Québec. En rendant nos services non fonctionnels faute d'un financement adéquat, la solution de M. Couillard et de ses ministres sera d'augmenter les tarifs individuels.

Nous refusons cette logique qui nous réduit à de simples consommateurs qui devront payer à chaque utilisation pour notre système de santé, d'éducation, de garderies et pour tous les autres services nécessaires au bon fonctionnement d'une société riche.

Lorsque l'on constate que les six plus grandes banques au Canada ont fait des profits totaux de plus de 34 milliards en 2014 et que, malgré tout, elles sont de moins en moins taxées, nous savons que nous avons les moyens de faire autrement. Il suffirait d'aller chercher l'argent là où il se trouve réellement au lieu de systématiquement appauvrir la population. Par exemple, le retour d'une taxe de 1% sur les gains en capitaux pour les institutions financières rapporterait plus de 600 millions à l'État.

Les ministres libéraux se plaisent à dire que les compressions budgétaires n'auront pas de conséquences, mais nous en ressentons déjà les effets négatifs sur les campus partout dans la province. Que ce soit par la suppression massive de centaines de cours, la disparition complète de programmes, une réduction massive des services tels que l'accès à des soins infirmiers ou à de l'aide psychologique, nous voyons clairement que le Parti libéral a une vision destructrice de l'éducation.

Plus que jamais, nous sommes prêts et prêtes à susciter un réel débat public et un dialogue social sur la nécessité d'avoir des services publics de qualité et accessibles. Au moment où les employés de la fonction publique sont en négociation de leurs conventions collectives, il nous apparaît que toutes les conditions sont réunies pour créer un mouvement social qui ira bien au-delà de la question étudiante et qui saura créer un élan de solidarité entre les différents acteurs de la société civile.

Nous l'avons bien vu dans la dernière décennie, les libéraux sont reconnus pour générer des conflits sociaux au Québec. Il est encore temps pour M. Couillard de prendre ses responsabilités en mettant de l'avant, dans le prochain budget, des mesures fiscales qui n'affecteront pas la classe moyenne et les plus démunis.

Notre combat ne sera pas que celui d'un printemps, il s'inscrit dans une volonté plus large de faire en sorte que le gouvernement cesse de placer les profits au-dessus des conditions de vie de la population. La destruction de nos services publics et de l'État social québécois telle que menée par le Parti libéral doit cesser.

Les acquis sociaux dans lesquels le Parti libéral est en train de mettre la hache furent obtenus par des décennies de luttes des mouvements étudiants, syndicaux, féministes, écologistes et communautaires. Nous l'avons démontré à plusieurs reprises: notre force réside dans notre capacité de mobilisation massive et c'est en continuant d'augmenter la pression sur le gouvernement que nous le ferons reculer.

Devant un véritable mépris de la part du Parti libéral, qui s'entête à aller de l'avant avec son projet idéologique de démantèlement des services publics, il est nécessaire pour nous de se mobiliser contre ce gouvernement, qui nous ramène des décennies en arrière par ses décisions politiques. Nous ne le laisserons pas faire.