L'auteur réagit à la chronique d'Alain Dubuc «L'éolien, une industrie qui repose sur du vent», publiée le 14 mars.

Dans sa chronique du 14 mars dernier, Alain Dubuc omet d'avancer plusieurs faits sur l'énergie éolienne au Québec. Il importe de compléter le tableau.

Sur le plan des coûts, contrairement à ce qu'avance M. Dubuc, l'énergie éolienne est compétitive avec toute nouvelle production d'électricité au Québec, y compris les grands barrages. Les coûts de l'éolien sont en baisse, tant au Québec qu'à l'échelle mondiale. Le dernier appel d'offres en éolien au Québec s'est d'ailleurs soldé en décembre dernier par un coût moyen de 0,063$/kWh, dans le respect de conditions favorisant une saine compétition entre entreprises privées, en plus de garantir des retombées locales à hauteur de 60% des coûts des projets au Québec. Il s'agit d'un coût très compétitif, lorsque mis en comparaison avec les 0,064$/kWh que rapporte M. Dubuc pour le projet hydroélectrique de La Romaine.

Au plan énergétique, bien sûr, l'hydroélectricité est au coeur de nos approvisionnements. Mais l'ajout de l'éolien constitue un avantage important pour le Québec: il permet d'accumuler ou de garder des réserves derrière les barrages en période de faible hydraulicité (comme en hiver). C'est une énergie qui pourra servir pour être exportée dans les périodes les plus lucratives ou pour répondre à notre pointe de consommation.

M. Dubuc réfère aux surplus d'électricité, qui ne représentent qu'une maigre marge de manoeuvre de 3% des approvisionnements d'Hydro-Québec Distribution. Le coût d'un tel surplus est bien moins élevé que celui d'un déficit, d'autant plus qu'un projet énergétique ne peut se construire en criant ciseau. Développer un parc éolien ou un barrage, cela prend plusieurs années. À preuve, les parcs éoliens entrés en service en 2014 sont issus d'appels d'offres lancés en 2006 et en 2009. Quant aux prix à l'exportation, le dernier rapport annuel d'Hydro-Québec relève une forte hausse en 2014 des revenus liés à l'exportation.

L'industrie éolienne est un outil de création de richesse pour le Québec. Quelle autre industrie pourrait se vanter d'avoir créé 5000 emplois, de Montréal à Gaspé, et attiré des investissements de 10 milliards en une décennie en procurant une énergie propre, fiable et abordable pour le Québec?

La pensée à court terme est le pire ennemi des politiques énergétique et industrielle. Avec une telle vision, jamais le Québec n'aurait développé son potentiel hydroélectrique. Pendant que M. Dubuc s'inquiète de surplus ponctuels, d'autres États développent leur potentiel en énergie renouvelable sur des horizons de plusieurs décennies. L'industrie éolienne est un atout économique pour le Québec. Le véritable hic, c'est de ne voir qu'une partie du tableau.