Je me rappelle tous mes échecs scolaires. De ma première note catastrophique, passant par la première fois où j'ai entendu un prof me parler en chinois et à toutes les fois où on m'a dit de «faire mieux». Je me rappelle le sentiment de honte et de profond mal-être que je ressentais chaque fois que je réalisais que j'étais seule à n'avoir rien compris de l'examen ou du devoir. Je me rappelle la frustration que ça me faisait en dedans, quand je réalisais tout le travaille et les efforts mis pour si peu de résultat. Je me rappelle le jour où j'ai décidé que j'allais lâcher l'école.

«J'ai 14 ans. Pis je suis tannée d'être poche.»

Les jours se sont succédé et j'ai vu dans les yeux des gens autour de moi que j'étais capable. Je n'y croyais pas encore, ni aujourd'hui d'ailleurs, mais j'ai essayé fort. Très fort. J'ai promis à ma pauvre mère inquiète que je finirais mon secondaire. Et puis d'autres échecs sont arrivés, puis d'autres encore. Les cours étaient tous interminables et les semaines toujours trop longues.

Quand t'es un décrocheur, tu t'en fous bien de te faire dire que c'est important, l'école. On le sait, mais nous, l'important, c'est la pile d'échecs qui s'accumulent et non pas les projets d'avenir. L'école, c'est un combat de tous les jours où tu entres dans le ring en sachant très bien que ton adversaire n'est pas dans la même catégorie que toi.

Il y eut madame Roseline, prof de maternelle qui avait dit à ma mère que «Stéphanie aurait toujours de la misère à l'école», ça avait l'air d'une promesse. Il y a eu les cours d'été et les profs pour qui mes difficultés ont passé inaperçues. Et il y a eu Mme Désilet, secondaire 5, qui m'avait prédit que je ne ferais jamais rien de bon dans la vie.

Mais il y a de l'espoir, aussi. Parce que les gens autour de moi m'ont inspirée à poursuivre mes études. Parce qu'ils m'ont dit que ça allait payer un jour. Dans chaque personne qu'on croise, dans les yeux des gens qu'on aime, dans les petites victoires à l'arracher et dans cette partie de nous qu'est la persévérance. Il faut s'accrocher à chaque réussite, même si c'est d'apprendre à attacher tes souliers 5 mois plus tard que tout le groupe de maternelle!

La persévérance, c'est mon enseignante de 3e année qui me gardait en récupération trop souvent pour m'aider à diminuer le retard qui me séparait de mes compagnons de classe. Qui m'a appris que tout s'apprend avec beaucoup d'effort et de temps. C'est Monsieur Marotte qui chantait des chansons pour nous faire apprendre nos régions administratives et qui m'a enseigné que tous les moyens étaient bons pour apprendre.

C'est mon certificat d'excellence de secondaire 3 - moyenne générale de 80% et plus - qui, encore aujourd'hui, a plus de valeur à mes yeux que celui de mon bac. Parce qu'il a suivi deux années en secondaire 2 particulièrement difficiles, mais aussi parce que j'ai compris que j'étais bonne, des fois. Ce sont tous les profs qui ont essayé de m'expliquer tout ce que je ne comprenais pas, dans d'autres mots, avec des chansons, des jeux de mots ou avec des dessins.

La persévérance, c'est la petite voix dans ta tête qui te promet que ça sera mieux la prochaine fois. C'est se planter royalement, mais avec la certitude qu'on a appris quelque chose pareil. C'est regarder en arrière pis se dire: «bin coudonc, je suis en train de terminer une maîtrise, moé-là!»

Cette semaine avaient lieu les journées de la persévérance scolaire. Ça me fait tout drôle parce qu'au fond, je sais pertinemment que la persévérance scolaire c'est pas seulement qu'une semaine dans une année, c'est une affaire de tous les jours.

Prenez le temps d'encourager vos jeunes. De souligner toutes leurs petites réussites. 80% d'entre eux seront heureux de vous l'entendre dire, 15% seront soulagés et 5% en ont besoin pour continuer.