Il ne faut peut-être pas s'étonner que beaucoup de Québécoises et de Québécois n'aient pas sauté de joie à l'occasion de la célébration des 50 ans du drapeau canadien.

En effet, l'Unifolié ayant remplacé le Red Ensign est, lui aussi, d'un rouge british. En 1965, le lancement officiel de ce symbole rouge et blanc mettait fin à des négociations dont les perdants auraient voulu y voir un peu de bleu pour marquer l'héritage français de ce pays devenu, depuis, officiellement bilingue, à défaut d'être reconnu binational. Y a-t-il alors une vraie bonne raison de célébrer le cinquantenaire de ce «chiffon rouge» ?

Quelques jours avant cette célébration passée presque inaperçue dans mon entourage (et le vôtre?), le ministre Baird faisait ses adieux à la Chambre des Communes dans la seule langue de madame Thatcher. Pour remplacer ce monsieur et pour représenter dans le monde ce pays «officiellement bilingue», le premier ministre venu de l'Ouest nommait un unilingue, Rob Nicholson. J'emploie seulement le mot unilingue car, dans le contexte gouvernemental canadian, unilingue anglophone est un pléonasme, aucun unilingue francophone n'ayant pu et ne pouvant accéder à une telle haute fonction à moins de se bilinguiser rapidement. Parlez-en à l'ex-ministre Benoît Bouchard.

Pauvre Lord Durham

Tout récemment, les Franco-albertains et les Fransaskois se présentaient en Cour suprême pour réclamer la reconnaissance de leur langue, la partie bleue manquante de l'unifolié. Cette démarche des francophones de l'Ouest reflète leur capacité de résistance et rappelle éloquemment la volonté (frustrée cependant) de faire disparaître les minorités francophones du Canada. Pauvre Lord Durham!

Pour ce qui est du Québec, il faut ici rappeler cette phrase inoubliable de Robert Bourassa: «Le Québec est aujourd'hui et pour toujours une société distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement». En effet, cette affirmation radicale de son prédécesseur condamne le mépris que monsieur Couillard manifeste à l'endroit des gens qui défendent l'option indépendantiste, option radicale peut-être, mais combien plus digne que «l'à-plat-ventrisme» de ce fédéraliste insensible à ce que signifie l'absence du bleu dans l'unifolié rouge britannique.

À moins que le grand Canadien qu'il est veuille contribuer à ce que, dans la réalité, l'absence du bleu soit plus qu'un signe et que le tout rouge drapeau canadien représente toujours mieux l'unicité de «son» pays.