Le récent billet d'Amir Khadir révèle une incompréhension totale du système d'imposition canadien, de l'être humain, de ses motivations et de ce qui est moralement juste dans notre société.

L'impôt est une expropriation du produit du travail. L'État, pour remplir ses fonctions essentielles comme la sécurité de ses citoyens et la protection de leurs droits et libertés individuels, a besoin d'être financé. Mais l'impôt des Québécois est devenu avec le temps le plus lourd de toutes les juridictions de l'Amérique du Nord.

Pour M. Khadir, il n'est pas juste qu'un revenu d'emploi soit plus taxé qu'un revenu provenant de placements. Pourtant, ceux qui épargnent pour rembourser leur hypothèque ou pour leur retraite savent qu'il leur faut placer de l'argent qui a déjà été taxé une première fois sur leur chèque de paie. De plus, une partie du gain de leur placement provient de l'inflation. Voilà pourquoi le fisc tient compte à juste titre de ces réalités pour ajuster le profit sur le capital, tout comme il indexe les échelles d'imposition pour les salaires. Quant aux profits d'entreprises versés en dividendes, ils ont déjà été taxés une première fois au niveau de l'entreprise, ce qui explique pourquoi ils sont moins taxés qu'un simple revenu lorsque versés à l'actionnaire.

Le député de Québec solidaire veut augmenter les paliers d'imposition. Les Québécois réagissent comme tous les êtres humains aux désincitatifs que crée notre écrasante fiscalité, la plus lourde au Canada: plus on cherche à augmenter les paliers d'imposition, moins il vaut la peine pour le contribuable de travailler plus fort ou longtemps et d'augmenter son salaire, ici, au Québec. Il réagira en travaillant au noir, en travaillant moins ou en travaillant ailleurs.

M. Khadir veut taxer les entreprises davantage pour «distribuer la richesse» entre entreprises et particuliers. Mais une entreprise n'est qu'une fiction juridique. Avez-vous déjà invité M. Métro-Richelieu à déjeuner? Les entreprises ne sont que des noeuds de contrats entre des fournisseurs et des clients. Les impôts ne sont pour elles qu'un coût qui est passé soit en amont (et assumé par les fournisseurs, les actionnaires - souvent nos régimes de retraite - et surtout par les travailleurs sous la forme de salaires plus bas) ou en augmentations de prix pour le consommateur, pénalisant surtout les plus pauvres. En réalité, le fardeau des taxes est toujours assumé en entier par les particuliers.

Quelle société est moralement plus juste, M. Khadir? Celle qui avance des solutions comme les vôtres qui passent toujours par la confiscation des biens matériels, limitant ainsi la liberté individuelle et déresponsabilisant les citoyens? Ou celle proposée par les tenants de la démocratie capitaliste qui libère la créativité et l'énergie d'une population et engendre l'incitatif à satisfaire les besoins des autres? Les transactions effectuées dans un marché libre (et non dans le copinage d'État) ne sont pas motivées par la cupidité ou l'égoïsme, mais bien par l'atteinte du plus grand bénéfice mutuel possible. Pour qu'il y ait transaction qui remplisse ses besoins et son intérêt, une partie doit rencontrer l'intérêt de l'autre.

Le haut du pavé moral revient donc à ceux qui recherchent plus de liberté individuelle et de responsabilité personnelle et non pas à ceux qui veulent nous enchaîner servilement à la dépendance du gouverne-maman au nom d'une soi-disant justice sociale.