«On sait bien vous, les agriculteurs, vous êtes riches». Oh, combien de fois j'ai entendu cette phrase!

Le 15 janvier dernier, la Commission canadienne du lait a publié un communiqué de presse annonçant qu'elle réduisait le prix de soutien de la poudre de lait écrémé, ce qui se traduit par une baisse du prix du lait à la ferme de 1,49$ par hectolitre. On parle de gel de salaires ou de faibles hausses, mais nommez-moi une entreprise qui a procédé à une baisse de salaire de 1,8%?

Je dois reconnaître que les agriculteurs ont d'énormes tracteurs. Des batteuses. Des machineries aratoires. Des pickups. Des terres qui ont pris énormément de valeur dans les dernières années. Savez-vous combien ça coûte, acquérir ces machines? En diesel, en engrais, en semences pour cultiver ces terres? En alimentation pour nourrir le bétail?

En vendant ses actifs, effectivement, l'agriculteur se retrouvera riche. Par contre, comment l'acheteur fera pour rentabiliser son investissement compte tenu du prix astronomique auquel il les achètera? On ne se fera pas de cachettes, cultiver un hectare de terre payé 51 000$, soit le prix de certaines transactions dans la région de Saint-Hyacinthe, est très loin de rapporter de quoi payer l'intérêt sur l'emprunt pour l'acquisition de la terre, une fois toutes les autres dépenses acquittées.

«Ben quoi, le gouvernement vous subventionne via l'assurance stabilisation, plaignez-vous pas!»

Parlons-en de l'ASRA! Comme toutes les subventions, elle est placée sous respirateur artificiel par le gouvernement Couillard. De plus, saviez-vous qu'un producteur doit payer pour bénéficier de ce programme et que s'il abandonne, il se voit pénalisé pour les cinq prochaines années?

À quelle heure vous êtes-vous levé ce matin? Combien d'heures réelles et combien de jours avez-vous travaillés cette semaine? À quel taux horaire? Est-ce que la météo a compromis grandement l'argent que vous recevrez jeudi prochain sur votre paie? Est-ce que votre patron vous a annoncé une baisse de salaire?

Ce matin, nous nous sommes levés à 5h. Nous avons fait le train. Je suis partie faire ma journée au bureau. Mon chum s'occupe de nos enfants, en plus d'assurer les travaux quotidiens sur l'entreprise. Ce soir, je ferai le souper, je m'occuperai des enfants, pendant que mon chum termine le train. En somme, la journée se terminera vers 20h30. Et ce, 365 jours par année.

Les agriculteurs travaillent très forts chaque jour de l'année pour fournir de la nourriture à chacun d'entre vous et sont soumis à des coupes, comme tout le monde, en plus d'être pris avec les frasques de Dame Nature, les spéculateurs et la hausse du prix des divers intrants.

Nous ne sommes pas mieux ni plus riches que quiconque. Nous sommes des passionnés. Ce que tout le monde devrait être.