La Caisse de dépôt et placement du Québec est sans doute l'une des institutions les plus respectées au Québec, avec raison à mon avis. Il s'agit d'une véritable pépinière de talents en gestion et en financement des sociétés.

Il va donc de soi que l'analyse du projet de partenariat en investissement dans les infrastructures a été faite avec diligence, avec le soin le plus appliqué. La Caisse ne s'embarquera pas dans un projet qui lui procurera un rendement ajusté pour le risque qui n'est pas intéressant.

Avec cette prémisse, comment s'expliquer que le gouvernement du Québec ne souhaite pas être le capitaine du projet d'infrastructures de transport dans la grande région de Montréal ? Si le projet est payant pour la Caisse, il devrait également l'être pour le gouvernement, non ? Quelques hypothèses peuvent être soulevées.

La première, qui est plus adaptée au message général de communications publiques du gouvernement, est que le gouvernement manque de liquidités pour assurer le financement de tels projets. En période de lourdes compressions dans l'appareil gouvernemental, les investissements trop importants apparaissent difficiles à justifier. On se prive alors de projets qui aident la population en matière de mobilité, tout en étant profitables à long terme pour l'État, aidant de ce fait à financer les autres programmes gouvernementaux.

La deuxième hypothèse est plus sombre.

Assiste-t-on au désaveu complet du gouvernement par rapport à sa capacité de mener à bien ses propres projets ?

Y a-t-il un tel manque de compétence au sein de l'État pour réaliser des projets dans des marchés où il peut, de surcroît, s'assurer d'une concurrence monopolistique ? L'État gère pourtant des centaines de projets d'infrastructures dans son parc immobilier. Trouve-t-il que ses projets sont mal gérés ?

Peut-être ai-je un certain talent pour transformer une bonne nouvelle concernant le transport en inquiétudes. Toutefois, au-delà des questions soulevées concernant l'indépendance de la Caisse, qui ne gère pas l'argent du gouvernement, doit-on le rappeler, cette décision semble dresser un portrait négatif du savoir-faire en matière de gestion de nos contributions fiscales.