La nouvelle du congédiement de Carl Desrosiers à titre de directeur général de la STM, une entreprise à laquelle il a consacré 31 ans de sa vie, a suscité une onde de choc partout à la Société, des bureaux aux ateliers d'entretien en passant par les centres de transport.

Rapidement, lorsque la nouvelle a été connue mercredi matin, la stupéfaction a laissé place à la colère, la tristesse et, surtout, l'incompréhension. Pourquoi mettre à la porte un gestionnaire d'exception, apprécié de tous, qui aura consacré sa vie à faire avancer le transport collectif et dont l'expertise est reconnue mondialement? Les employés de la STM ne comprennent pas.

Malgré les raisons officielles fournies par le président du conseil d'administration, nous ne sommes pas dupes: il est clair que le congédiement de Carl Desrosiers est le fruit d'une commande politique. M. Desrosiers, ou Carl comme il demandait toujours à être appelé, est loin d'être un «yes man» et il avait la STM tatouée sur le coeur. À trop vouloir défendre le transport collectif à Montréal, il a probablement fait de l'ombrage à certaines personnes en position d'autorité dans l'administration municipale.

Carl était un gars de la base, qui a gravi les échelons de la STM pour devenir directeur général sans jamais oublier ses origines. C'est une des raisons qui font qu'aujourd'hui, 10 000 employés de la STM pleurent son départ. Notre capitaine a été forcé d'abandonner son navire en pleine tempête. Le tout, à quelques jours du début de 2015, «l'année du transport collectif», selon le maire Coderre. Quelle farce.

Cette décision cynique, geste de basse politique digne d'un temps qu'on croyait révolu, nous laisse un goût amer. Surtout, ce congédiement met en péril tous les progrès qui ont été accomplis par la STM depuis plusieurs années. Que les clients se préparent, des temps sombres pour le transport collectif à Montréal sont à venir.

Un trou immense

Si la STM est reconnue aujourd'hui comme une des meilleures sociétés de transport en Amérique du Nord et si sa performance est aujourd'hui de classe mondiale, ce n'est pas le fruit du hasard. Si l'achalandage atteint des niveaux record alors que le taux de satisfaction de la clientèle frôle 88%, c'est parce que quelqu'un, quelque part, prenait les bonnes décisions en sachant rallier tout le monde dans l'organisation vers un but commun. Cette personne, c'était Carl Desrosiers, pas Philippe Schnobb.

Je pourrais aussi vous parler de sa renommée à l'international, de son réseau de contacts impressionnant qu'il a su garnir au fil des ans, de la passion pour le transport collectif et la STM qu'on ressentait lorsqu'il nous parlait, mais je m'arrêterai là, car cela ne fait que me rappeler l'importance de sa perte et le trou immense qu'il laisse dans le coeur de sa STM. Son départ laisse un grand vide qui ne saura être comblé par le premier venu.

Les employés de la STM n'oublieront pas de si tôt.