Il y a un an, le Québec était plongé dans le débat sur la Charte des valeurs québécoises. Heureusement, la « Charte de la division » est maintenant enterrée.

Ce débat a occulté un problème plus profond, celui de l'immigration. Les résultats des politiques d'immigration économique du Québec sont désastreux. Peu d'immigrants y restent à long terme et ceux qui le font souffrent d'un taux de chômage élevé. Dans le cas de l'immigration maghrébine, qui représente près de la moitié de l'immigration économique (si on inclut les immigrants européens d'origine nord-africaine), ce taux atteint jusqu'à trois fois le taux de chômage des Québécois nés au Canada. Les critères sont trop permissifs : vous avez un secondaire 5 fort et vous parlez très bien le français, allez hop, bienvenue au Québec, parfois même sans entrevue !

Un devoir moral

Le Québec a un devoir moral de mieux choisir ses immigrants : les conséquences d'un mauvais choix sur le candidat, sur sa famille et sur l'économie sont trop sérieuses pour se limiter à la langue comme critère principal et ensuite espérer que le candidat décrochera un emploi. Voilà pourquoi il faut s'assurer de recruter des candidats qui veulent s'établir ici en permanence et qui sont en position d'occuper un emploi dès leur entrée au Canada, ce qui est une des meilleures façons de s'intégrer à sa nouvelle terre d'accueil.

L'Australie a adopté une réforme en ce sens en 2012. En vertu du système SkillSelect, les demandeurs voulant demander un visa doivent d'abord remplir en ligne sur un site - qui fait penser à un site de rencontres - une « expression d'intérêt » comprenant des informations personnelles et professionnelles. Les candidats qualifiés peuvent y être « rencontrés » par les employeurs australiens et mis en nomination pour obtenir des visas selon les critères établis par le ministère. Ce système permet donc aux employeurs de jouer un rôle clé dans la sélection des immigrants économiques.

Immigration et Citoyenneté Canada (CIC) vient d'annoncer qu'un système semblable appelé « Entrée express » entrera en vigueur en 2015. Un des avantages du nouveau système est qu'il rend moins importante la question souvent débattue au Québec du nombre d'immigrants à recevoir. En temps de croissance économique, le nombre augmentera pour combler les postes vacants et a contrario, en récession, le nombre diminuera puisque moins d'employeurs auront des postes à combler. L'autre avantage est que les employeurs choisiront des candidats affichant des valeurs qui faciliteront leur intégration.

Avant de réclamer plus de pouvoirs, le Québec devrait commencer par mieux gérer l'immigration qu'il contrôle. Espérons que la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, harmonisera son approche avec celle de CIC pour mettre les employeurs québécois à contribution et ainsi mieux choisir les candidats qui veulent faire du Québec leur nouvelle terre d'accueil.