La santé, mentale ou physique, n'est pas un acquis automatique et on ne peut naviguer à travers une mer houleuse sans avoir de capitaine à bord du bateau. Les parents d'enfants différents, d'enfants malades, sont malheureusement aux premières lignes de ce combat existentiel en tant que témoins impuissants et silencieux de la décrépitude d'une institution qui se veut le vecteur des générations futures, la santé.

Expliquez-moi, alors, comment un parent doit-il dire à son enfant atteint d'une maladie chronique qu'il doit se dépêcher d'arriver à l'heure à l'hôpital pour son traitement hebdomadaire, se faire piquer rapidement, partir rapidement pour laisser la place à un autre patient qui attend déjà, car le moindre soin se calcule maintenant en temps et en argent?

Dites-moi pourquoi, mesdames, messieurs les ministres, les députés, un parent doit-il assister à des scènes tellement éprouvantes, devant le regard affolé de son enfant, qu'il doit lui-même se déshumaniser, se couper de ses émotions, afin de faire preuve de résilience envers la fatalité? Bel exemple, n'est-ce pas, pour ceux qui devront ensuite prendre la relève afin de veiller sur nos vieux os!

En cette formidable période d'austérité, les coupes annoncées dans le milieu de la santé se font déjà sentir dans un réseau lui-même malade. M. Couillard, en enlevant les calendriers et agendas des infirmiers, du personnel soignant, en coupant leurs heures supplémentaires souvent indispensables, en surchargeant leurs horaires par un nombre de patients de plus en plus élevé, rendant ainsi les équipes de soignants épuisés et à bout de souffle, bref en agissant plutôt à l'aveugle comme votre gouvernement le fait actuellement sans mesurer l'impact associé à de telles mesures, qu'attendez-vous? D'avoir la mort d'un enfant sur la conscience?

Les familles des enfants malades comme la nôtre sont malheureusement prises en otage et ne peuvent que subir cet ostracisme, car la vie de leur enfant en dépend. Le système hospitalier pédiatrique est un château de cartes qui menace de s'écrouler si on souffle trop fort dessus. Aucun moyen de contester, car c'est la peur qui domine, la peur que ce soit notre enfant qui paye le prix de sa trop courte vie, alors on choisit trop souvent le silence pour le protéger.

Peut-être allez-vous répondre que l'erreur est humaine? Au fond, c'est vrai que nous ne sommes que des numéros! Se battre pour l'humanisation des soins correspond aujourd'hui à pelleter des nuages dans un monde où le «chacun pour soi» est roi. Bienvenue dans la jungle! Maintenant, «allez», comme disait Jacques Brel, «Au suivant» !