Cela ne me plaît pas beaucoup de le dire, mais il est possible que l'approche retenue par le gouvernement du Québec soit la bonne. Il est possible qu'il nous faille au plus tôt donner un coup de barre et vivre selon nos moyens.

Mais ce que je reproche au Parti libéral, c'est qu'en maints domaines, il a dit une chose en campagne électorale et fait le contraire une fois rendu au gouvernement. Si le Parti québécois était au pouvoir, on aurait droit à une joyeuse volée de quolibets.

Je lui reproche surtout, après avoir démonisé ceux qui étaient favorables à l'indépendance du Québec, d'avoir donné à entendre que la seule présence de son parti fédéraliste au pouvoir créerait un climat de «stabilité» tel que les hausses d'emplois s'en trouveraient subitement majorées.

Or, tel n'est pas le cas.

Il y a quelques années, j'ai lunché avec un des éditorialistes de La Presse. Je lui ai demandé pourquoi il n'était pas favorable à l'indépendance du Québec. Il m'a répondu: les coûts de transition. Les libéraux auraient dû réfléchir à ce sage point de vue.

Dire où on s'en va

Si le Québec est aussi mal en point qu'on le dit, cela ne se règlera pas en six mois. Et il n'est pas vrai non plus que personne ne pâtira de la médecine de cheval que l'on nous sert. Cela aurait dû être dit avant les élections et cela devrait être dit maintenant.

Le gouvernement devrait chercher une adhésion large de la population et dire clairement là où il s'en va plutôt que de laisser couler l'information goutte à goutte pour dire ensuite «qu'il n'en a jamais été question». Le gouvernement laisse le bon peuple dans le brouillard. Et peut-être l'est-il lui-même.

Quand on ne peut dire si le pont Champlain s'appellera Champlain, quand notre premier ministre va à l'étranger et n'a pas l'élémentaire réflexe de parler le français tellement son sentiment de représenter une nation française est anémique, tellement il est obsédé par la création d'emploi, il est certainement difficile de dire si, oui ou non, la cimenterie de Port-Daniel fait partie d'une stratégie de développement, et laquelle.

Il est possible que certains investisseurs s'étonnent de cette absence de logique, de colonne vertébrale. Des choses qui ne suscitent pas la création d'emplois.