Plus tôt cet été, le groupe terroriste État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a diffusé une vidéo de recrutement qui donnait froid dans le dos, demandant aux jeunes Occidentaux de quitter leurs familles et de venir au Moyen-Orient pour s'entraîner en vue de ce qu'il qualifie de guerre sainte. Elle mettait en vedette un Canadien qui a adhéré à une idéologie violente, est allé en Syrie et a été tué là bas l'an dernier dans un échange de coups de feu.

Comme d'autres outils de propagande, la vidéo de l'EIIL essayait de romancer la transformation d'une personne en un guerrier religieux. Heureusement, la plupart des gens comprennent qu'il n'y a rien de romantique à tuer et à mourir pour une telle cause. Le SCRS a tissé des liens avec de nombreuses communautés culturelles et je peux affirmer sans l'ombre d'un doute que le discours extrémiste selon lequel l'Occident est en guerre contre l'Islam est rejeté par la vaste majorité des musulmans au Canada.

Pourtant, les idéologies violentes séduisent toujours. Des centaines et des centaines d'individus, surtout des jeunes, - venus d'Amérique du Nord, d'Australie, du Royaume-Uni, de toute l'Europe et de partout au Moyen-Orient - s'engagent dans l'EIIL, Al-Qaïda, Al-Chabaab ou d'autres groupes fanatiques qui se livrent à des violences innommables dans une guerre mondiale contre le pluralisme, la démocratisation, les droits de la personne et l'égalité entre les sexes. Plus d'une centaine de Canadiens ont quitté le Canada pour soutenir des mouvements terroristes à l'étranger ou s'entraîner avec eux.

La menace la plus évidente pour la sécurité nationale est celle que représentent les extrémistes qui rentrent au pays. Combien reviennent au Canada plus radicalisés qu'avant leur départ? Leur statut de vétéran d'un conflit à l'étranger leur permettra-t-il de recruter plus facilement d'autres Canadiens? Se serviront-ils de leurs contacts étrangers pour constituer des réseaux au Canada afin de faciliter les déplacements de combattants, ainsi que l'acheminement de matériel et de fonds en provenance et à destination du pays?

Plus important encore, utiliseront-ils leur entraînement terroriste pour tenter de commettre des actes de violence ici, au Canada? C'est très possible. L'Europe a déjà subi un tel attentat, lorsqu'un citoyen français qui «était revenu» de Syrie a tué plusieurs civils innocents lors d'une fusillade en Belgique.

Même si un extrémiste canadien ne revient pas au pays immédiatement, il reste un problème pour le Canada. Aucun pays ne peut devenir un exportateur involontaire du terrorisme sans que son image et ses relations à l'échelle internationale en souffrent.

Les déplacements d'individus très radicalisés représentent un énorme défi, et les outils permettant de détecter ces voyages sont de plus en plus importants. Évidemment, étant donné le caractère international du terrorisme, la collaboration doit elle aussi être internationale, parce qu'aucun pays ou service de sécurité ne peut lutter seul contre le problème. Dans un monde interconnecté où la mobilité personnelle est très grande et où les communications se mondialisent, ces relations avec nos partenaires sont plus nécessaires que jamais. Cependant, notre partenaire le plus important est peut-être la population canadienne, dont la coopération est essentielle.

Dans l'exercice de son mandat, le SCRS veille à ce que les activités qu'il mène pour protéger le Canada soient toujours conformes aux valeurs canadiennes et au droit canadien. L'évolution du contexte de la menace et des défis difficiles comme les voyages à des fins terroristes ne changent rien à son attachement à ces principes fondamentaux.