En tant que jeune étudiant en phase d'entrer au cégep ce mois-ci, je me suis senti très affecté par les déclarations des jeunes libéraux au sujet de l'abolition des cégeps. J'ai l'impression que les idées mises de l'avant risquent de causer plus de problèmes que d'en régler.

Laissez-moi d'abord vous parler de ma dernière année du secondaire. Dès le mois de septembre, on a commencé à parler de la graduation. Nous nous sommes aussi fait dire qu'il allait bientôt être temps pour nous de voler de nos propres ailes, de commencer «la vraie vie d'adulte».

À partir d'octobre, on nous a parlé des cégeps et des différents programmes offerts. On nous a prévenus qu'il s'agissait d'un choix important, mais pas irréversible, car, voyez-vous, une des grandes qualités des cégeps, c'est de pouvoir changer de programme avant d'aller à l'université ou de commencer une carrière.

Nous avons envoyé nos demandes d'admission en février, et dès lors, j'ai pu sentir un changement d'attitude de la part de mes camarades et de moi-même. Nous étions prêts à changer de vie, à vivre de nouvelles choses. Au cours de l'année, notre désir de changer d'environnement, de gagner un peu de liberté, de suivre des cours qui nous intéressaient s'est fait de plus en plus grandissant, si bien que lorsqu'est venu le temps de recevoir nos diplômes, nous étions tous prêts à vivre l'expérience du cégep.

Maintenant, laissez-moi imaginer ce à quoi ressemblerait la vie d'un étudiant de cinquième secondaire si les propositions mises de l'avant par les jeunes libéraux étaient appliquées...

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Dès le mois de septembre, on a commencé à parler de la graduation, et du fait que cette année allait être la dernière année du secondaire pour la moitié d'entre nous, ceux qui iront dans une école de métier l'an prochain. Disons donc que nous parlions de la semi-graduation. Nous nous sommes fait dire qu'il allait bientôt être temps, pour la moitié d'entre nous, de voler de nos propres ailes, de commencer la vraie vie, alors que les autres seront encore traités comme des adolescents de 13 ou 14 ans, bien qu'après l'école ils auront de droit d'aller dans des bars.

À partir du mois d'octobre, on a commencé à parler des écoles de métiers et des différents programmes offerts. Évidemment, puisque ces écoles sont affiliées aux commissions scolaires, ont vantera les mérites de certaines plus que d'autres. Quant à ceux qui resteront au secondaire, on nous informera que nous aurons un peu plus d'options, et que les cours seront donnés par d'anciens profs de cégep, qui ont tous l'air grognons depuis que leur salaire et avantages sociaux ont diminué. Les enseignants nous expliqueront que le choix du métier (ou de l'université, l'année suivante) est très important, puisqu'il est très difficile - ou très cher, du moins - de changer d'idée.

La moitié d'entre nous rempliront une demande d'admission en février, alors que les autres auront simplement à choisir le cours qui les intéresse le plus dans la liste. La moitié des élèves commenceront à rêver d'indépendance, de liberté, ce qui fera saliver les pauvres qui auront pris - selon eux, à ce moment - la mauvaise décision d'aller à l'université dans un an.

Lors de la remise des diplômes, seulement la moitié d'entre nous le recevra, tandis que l'autre devra attendre encore un an. Malheureusement, il est fort probable que moins le reçoivent l'année suivante: des élèves incapables de supporter une autre année au secondaire décideront peut-être d'abandonner les cours, ou de quitter pour une école de métier.

Il est vrai que les cégeps ont des problèmes, mais ce n'est pas en en créant d'autres qu'on arrivera à les régler.