Montréal, une ville prise en otage. Otage du rire, de la joie et de la musique. Pourquoi s'en plaindre? Moi le dernier. Mais quel lieu pour de simples bonheurs? Comment pourrons-nous encore déambuler dans nos rues sans ses regards venus d'aussi loin? Moi qui voudrais pouvoir marcher dans les silences d'une ville anonyme, ce n'est plus possible. Paris, New York et Londres, nos cousines... voici Montréal.

Nos nuits nous sont étrangères. Les notes de musique résonnent sur les murs de nos maisons et chaque coin de rue est occupé de paroles et d'alcool. Rassure-toi Montréal, je ne te jalouse pas. Je ne suis pas nostalgique non plus. Je sais, il fut un temps où tes artères brillaient autrement sur la Catherine: cafés, bars et clubs de nuit; Mocambo et Casaloma d'une autre époque. Non, Montréal, je ne suis pas choqué, je suis seulement fatigué.

Ville dans la ville, ces tentes et ces scènes sous une même place des semaines durant me lassent. Barrières, sécurité et barbe à papa, tout ça en un même lieu et en un même temps, j'en perds le souffle. Tu me fais oublier que derrière les fanfares, il y a les bancs sur la place. J'oublie aussi qu'il est parfois possible pour les enfants d'avoir accès aux oasis d'eau que l'on a créées. J'allais oublier également que les rires fusent lorsque papa et maman attrapent fiston qui court entre les jets d'eau.

Retrouver l'écho

de nos murmures


La musique, dites-vous? Oui, la musique. Qu'est-ce que de s'entendre parler? Qu'est-ce que d'entendre l'eau qui coule et qui tombe sur le sol sur la grande place des spectacles! N'est-ce pas là le premier des spectacles? Ma joie, ce sont les moments tendres, peut-être silencieux et songeurs. Je ne suis pas seul. Attendez de voir tous ceux qui viendront écouter le clapotis de l'eau et l'écho de nos murmures sur les murs de la place dès que le spectacle grandiose aura fait ses malles.

La ville retrouvera son nid. Elle retournera à ses habitants et à ses habitudes au départ des roulottes tsiganes. Chaque été, une part de cette ville nous échappe. Elle s'offre au commerce et aux attraits. Maquillée comme jamais, elle devient Lolita pour plaire.

Devons-nous être les Parisiens du mois d'août, abandonnant leur ville aux plus offrants, abandonnée aux caravanes des voyageurs d'une nuit et aux spéculateurs de toutes sortes?

Juin et juillet, la ville au centre-ville n'est plus ma ville.

Tu me fatigues, Montréal!